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Le caillou dans la chaussure

26 juin 2008

Objectif nul

Il y a quelques jours, le sinistre ministre Brice Hortefeux paradait à propos de ses excellents résultats en matière de déportation reconduites à la frontière. Avec 14.660 expulsions en cinq mois, il se donne la possibilité de dépasser largement l’objectif des 25.000 pour l’année que lui a fixé son grand manitou puisqu’en maintenant le rythme, il devrait arriver à 35.000 à la fin 2008.
Toutefois, nous sommes au regret de constater qu’il reste très en deçà de l’objectif des 50.000, sans même parler de l’objectif des 100.000. Par contre il pulvérise l’objectif des 2.000. Alors réussite ou échec, comment savoir ?
On s’en fout. Mais au fond, pourquoi 25.000 plutôt que 20.000, 2.000 ou 200.000. Ou bien même zéro. Sans doute parce que, partant de ce qui était communément pratiqué auparavant, il s’agissait d’essayer de virer le plus d’immigrés possible sans dépenser plus. Juste en mettant toutes les énergies disponibles sur leur dos. C’est facile et ça peut rapporter les voix de Le Pen.
25.000, en fait, c’était juste un chiffre que l’on savait possible d’atteindre au gouvernement en ayant en tête les objectifs politiques que l’on s’était fixé. Et partant, c’était la garantie de pouvoir annoncer un succès sous peu en la matière.
Quant à l’objectif de respect de la dignité humaine, M. Hortefeux n’a même pas besoin de déclarer que, d’une part, le grand sachem ne lui a pas fixé d’objectif à ce sujet et que, d’autre part, ça n'a strictement rien à voir.
Non, vraiment rien à voir.

25 juin 2008

Au secours, je lis des blogs

Et le parlement européen me fait savoir que je suis en danger. Même si ce que j’y lis est plutôt fait pour me réjouir ou me faire réfléchir, un rapport de Marianne Miko, eurodéputée estonienne, me conseille de me méfier des nuisances qu’ils pourraient causer. D’après un article de Courrier International, elle estime que si « jusqu’à présent, nous n’avons pas considéré les blogueurs comme une menace, ces derniers peuvent polluer considérablement le cyberespace ». On notera le « jusqu'à présent » qui semble bien indiquer que dorénavant les choses pourraient bien changer.
La députée ajoute que « les blogs sont […] utilisés par des personnes de moins en moins scrupuleuses ». Heureusement que ce n’est pas le cas des autres médias qui ont toujours eu le bon goût de faire preuve de retenue et d’impartialité afin de ne jamais sombrer dans l’excès. Même les personnes, ou les groupes, qui disposent du pouvoir exorbitant que constitue la propriété d’un grand média savent faire preuve de déférence à l’égard des puissants se tenir et lorsqu’il leur arrive de se lâcher quelque peu, comme Serge Dassault, propriétaire du Figaro, ce n’est jamais que pour cracher sur de vulgaires fainéants chômeurs.
Il me semble que les blogueurs ne constituent une menace que pour ceux qui craignent la liberté d’expression et parmi eux, nombreux sont ceux qui, au nom d’une prétendue expertise, voudraient confisquer la parole pour mieux exprimer l’opinion publique officielle.
Loin de moi l’idée de me considérer comme un blogueur influent, mais si certains, sur internet, parviennent à devenir audibles, je ne peux que m’en réjouir, même si je ne partage pas toujours leur opinion. Ils ne menacent jamais que des imposteurs qui nous manipulent en permanence. Alors peu importe qui se trouve derrière tel ou tel blog, même si c’est un chien, pourvu que ce qu’il dise soit intéressant.
Je ne demande qu’à continuer des courir des risques en lisant tout et n’importe quoi pourvu que le parlement européen ne reprenne pas à son compte ce rapport qui semble pourtant avoir reçu un accueil favorable.

24 juin 2008

Comprendre, pas juger

Un article du Figaro nous apprend que Nicolas Sarkozy a rencontré Mahmoud Abbas et déclaré qu’on « ne discute pas avec les terroristes » en parlant du Hamas.
Il a ajouté : « Je le dis à nos amis Palestiniens : Devenez des femmes et des hommes qui comme le président Mahmoud Abbas ont un engagement politique et séparez-vous de ceux qui pensent que la violence peut résoudre les problèmes. »
Imaginons maintenant un petit instant que dans d’autres circonstances, en d’autres temps, un président des Etats-Unis, par exemple, soit venu en France pour déclarer : « Je le dis à nos amis Français : Devenez des femmes et des hommes qui comme le maréchal Pétain ont un engagement politique et séparez-vous de ceux qui pensent que la violence peut résoudre les problèmes. »
Comment aurait-il été reçu ? Qu’en aurait pensé le général De Gaulle ? Et tous les résistants ?
Qu’on ne ma fasse pas dire ce que je n’ai pas dit : Israël n’est pas l’Allemagne nazie, Mahmoud Abbas n’est pas Pétain et le chef du Hamas n’est pas De Gaulle. J’ai dit et je répète que les circonstances sont différentes. Toutefois, on peut trouver un point commun entre les deux situations, c’est l’occupation.
Pour ma part, je crois que la violence n’est pas la solution et qu’elle pose potentiellement plus de problèmes qu’elle n’en résout. Pour autant, je me refuse à juger les hommes et les femmes qui sont confrontés à des situations de détresse telle que la violence leur apparaît comme l’ultime recours.
De plus, dans sa déclaration, M. Sarkozy oublie que la violence n’est pas le seul fait des Palestiniens. Elle vient des deux côtés. Et en pareilles circonstances, l’oppresseur en est au moins autant responsable que l’opprimé.
L’unique moyen de se diriger vers la paix est de comprendre, pas de juger.

L’UE à l’écoute des peuples

Et c’est pas la peine de prendre cet air ébahi. Les vrais démocrates responsables et civilisés savent pertinemment que l’UE agit toujours dans l’intérêt des peuples. Même si parfois, le peuple n’en est pas parfaitement convaincu.
C’est pourquoi, à la suite du rejet du traité de Lisbonne par les Irlandais, qui fait lui-même suite au double rejet du TCE par les Hollandais et les Français, les chefs de gouvernements des Etats membres réunis à Bruxelles ont décidé à l’unanimité de tendre une oreille plus attentive à la volonté des peuples. Avec le ferme espoir qu’il ne lui sera plus reproché d’agir sans l’aval de la population, l’UE s’est prononcée pour une généralisation de la pratique du référendum pour tous les futurs grands projets, et ce dans l’ensemble des pays.
Il a été convenu qu’il ne fallait pas perdre de temps dans la mise en œuvre de cette procédure et, dans le but de faciliter la réflexion des citoyens quant au problème posé ainsi que les opérations de dépouillage, les bulletins de vote modèles ont déjà été préparés :



20 juin 2008

Un peu de tendresse dans ce monde de brutes

[mode bisounours *on]
L’autre dimanche, il paraît que c’était un jour pour les types comme moi et j’ai été tendrement accueilli dès mon réveil par ça et ça.
C’était touchant.
[mode bisounours *off]

19 juin 2008

Hadopi, un ami qui vous veut du bien

D’après un article de libération.fr, Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il n’y avait « aucune raison qu’internet soit une zone de non-droit ».
Et pour une fois, cher président, je suis bien d’accord avec toi. Et je pense pouvoir affirmer que nous sommes bien nombreux à penser ainsi. Cependant, je me permets de te faire remarquer, M. le président, que le droit est le même pour tous et qu’ils s’applique partout, internet compris. Enfin ça c’est la théorie, parce que dans la pratique, on sait bien que les étrangers ne sont pas des gens comme nous et qu’on pourra bientôt les enfermer pendant 18 mois si l’administration le décide. On sait bien que les prisonniers ne sont pas des gens comme nous et qu’il vaut mieux fermer les yeux sur ce qui se passe à l’intérieur de nos prisons.
Mais pour les gens normaux, le droit est applicable. Même sur internet.
- Non ?
- Si, si !
- Ah bon.
Il est vrai que sur internet la fraude est massive, comme elle l’est sur la route. D’ailleurs les principes retenus dans la prochaine loi Hadopi ne sont pas sans rappeler d’une part les radars automatiques et d’autre part les permis à points. C’est, en effet, le titulaire de l’abonnement qui sera visé par les sanctions, comme l’est le propriétaire d’un véhicule sur la route vis-à-vis des radars automatiques. Á ce sujet, je me suis toujours demandé ce que ça donnerait si des parents offraient un véhicule à leur bébé nouveau-né pour l’utiliser ensuite. En cas d’excès de vitesse le bébé pourrait-il être décemment poursuivi ? Lui retirerait-on des points sur son permis préventivement, en attendant qu’il ait l’âge d’avoir son permis ? Le sommerait-on de dénoncer les coupables pour faire la preuve de son innocence ?
Mais revenons à notre Hadopi. On part donc d’une présomption de culpabilité et on accorde au désigné coupable le droit de renverser la charge de la preuve. Chacun sera tenu de sécuriser sa ligne et devra assumer le comportement des éventuels autres utilisateurs. Sur internet, on choisit donc de construire un droit particulier afin de parer à une situation de non-droit qui n’existe pas.
Catherine Albanel considère dans un élan d’optimisme emporté qu’il serait « déjà considérable » de parvenir à « faire baisser de 70 à 80% les actes de piratage ». Sauf votre respect, Madame, vous vous foutez le doigt dans l’œil. Jusqu’au coude. Certes, il est tout à fait possible que cette loi parvienne à diminuer le nombre de téléchargements illégaux, mais jamais ce ne sera dans ces proportions et, dans tous les cas, cela restera très temporaire. Juste le temps, en fait, que les internautes changent de procédés pour s’échanger les fichiers de manière moins repérable.
Encore une nouvelle loi qui ne sera qu’un coup d’épée dans l’eau.
Pourquoi ne pas chercher plutôt un autre moyen de rémunérer les ayant-droit et de parer à leur manque à gagner ? Sans doute parce que là n’est pas le but de la loi. Il s’agit plutôt de protéger une industrie moribonde qui passe pour ringarde et rétrograde. Les internautes l’ont dans le nez au double motif qu’elle n’a pas cherché à s’adapter aux nouvelles technologies et qu’elle a toujours préféré la répression pour tenter de maintenir sa rente de situation, tout en sclérosant le marché au profit d’artistes populaires, vendeurs et généralement installés, au détriment des jeunes artistes souvent plus iconoclastes.
La situation est évidemment compliquée mais ce n’est pas une raison pour ne pas essayer de résoudre le problème de manière efficace et mesurée. Pourquoi ne pas commencer par réunir les artistes et le public pour en discuter ?

16 juin 2008

Patron, une Guinness !

Les Irlandais ont à peine rejeté le traité de Lisbonne que déjà s’activent les diplomates et les gouvernants européens pour trouver un moyen d’ignorer leur réponse et de poursuivre la marche forcée vers leur Europe. Sans surprise.
Pas de surprise non plus chez les commentateurs des résultats. J’ai l’impression de revivre un moment que j’ai déjà vécu au moment du référendum sur le TCE, en 2005, les mêmes causes produisant les mêmes effets.
Toutefois, ce coup-ci, l’Irlande étant l’unique pays a avoir pris le risque d’un référendum, l’amertume semble décuplée chez les partisans du traité qui préfèrent ignorer le déni de démocratie qu’a constitué le remplacement du défunt TCE par le nouveau traité au contenu identique dont la rédaction a été délibérément complexifiée afin de la rendre illisible.
On nous a ressorti l’argument du mouton noir. Un petit pays de 4 millions d’habitants ne peut pas bloquer 450 millions de moutons blancs enthousiastes. Et pourtant, même si c’était les cas, oui. Les Irlandais ne sont qu’1% des Européens mais comme chaque pays qui refuserait de signer, ils peuvent parfaitement bloquer le traité qui doit être adopté à l’unanimité des 27 pays. Ce qui n’est, d’ailleurs, n’est pas encore fait. Certes, ce n’est pas loin et les doutes sont maigres quand à l’éventualité d’un rejet par un autre pays. Et pour cause, aucun autre pays ne s’est engagé sur la voie référendaire. C’était d’ailleurs une condition préalable à la renégociation de Lisbonne. Référendum interdit pour cause de pusillanimité des gouvernements. On va quand même pas leur poser la question, ils seraient encore foutus de nous envoyer balader. Les Irlandais n’ont pu faire autrement à cause d’un obstacle constitutionnel mais leur gouvernement aurait pourtant bien apprécié de pouvoir faire comme les autres. Si on leur demande leur avis, ils risquent bien de nous le donner !
Putain ! Quand j’y pense, c’est même pas 4 millions d’Irlandais qui ont dit non mais à peine 53% des électeurs ! Ça doit même pas faire 1 million de personnes en tenant compte de l’abstention. Les égoïstes ! Aucune considération pour la quasi-unanimité des autres peuples (450 millions de personnes).
Oui j’exagère, mais à peine. Il est vrai que ceux qui ont vraiment dit oui à ce traité dans les autres pays sont les parlementaires. En gros, 500 personnes dans chaque pays. Pas plus de 13.000 individus en tout cas. Mais enfin, ce sont des élus, des parlementaires, des gens instruits, dignes de confiance, pas des… des sans nom, des sans grade, des petits, des anonymes, des gens, comme vous, comme moi.
Mais pas comme eux ! A quand le rétablissement du suffrage censitaire ?

12 juin 2008

Ne pas gagner plus pour ne pas gagner moins

Selon une dépêche de Reuters titrée « Laurent Wauquiez contre les coups de pouce au smic », le secrétaire d’Etat chargé de l’emploi s’est déclaré opposé aux coups de pouce à l’augmentation du smic parfois accordés par le gouvernement au motif qu’ils contribueraient à tirer les salaires vers le bas. Selon ses propres termes, « c’est absurde et même contre-productif de faire des coups de pouce complètement artificiels parce que la seule chose à laquelle cela aboutit […] c’est à scotcher tout le monde au niveau du smic ».
Si comme moi vous pensez maîtriser les rudiments du Français et que êtes persuadé de pouvoir l’associer à un brin de logique élémentaire, vous devez éprouver quelques difficultés pour saisir le sens du raisonnement de M. Wauquiez. Augmenter le smic, c’est tirer les salaires vers le bas ?
C’est bien ce qu’il dit, mais ce n’est pas ce qu’il veut dire. Il faut tordre violemment son cerveau pour parvenir à se mettre à la place du sieur et apprécier la finesse de sa rhétorique. Je pense avoir réussi cette prouesse, rompu que je suis à la langue de bois des politiciens de tous acabits. Si l’objectif est que des pauvres soient moins pauvres, que ceux qui gagnent le moins gagnent un peu plus, il ne peut pas être contre-productif d’augmenter leur salaire. Mais cet objectif n’est nullement celui du secrétaire d’Etat. Son souci à lui c’est les statistiques sur la pauvreté, pas les pauvres. Vous allez me dire, mais c’est pareil : s’ils gagnent plus, ils sont moins pauvres. Oui mais non. Pas dans les statistiques. La pauvreté s’évalue selon les méthodes par la médiane ou la moyenne des revenus ou même par un pourcentage de l’une des deux. Ainsi lorsque l’on relève le smic, mais que le reste des revenus reste inchangé, on obtient mécaniquement une augmentation du nombre de pauvres. Alors pas question. Peu importe qu’ils en aient plus dans leur poche, il ne faut pas que la pauvreté progresse. Le smic ne doit donc pas progresser plus vite que les autres salaires.
Et même j’aurais une proposition à lui faire à ce bon M. Wauquiez. Je sais comment faire baisser la pauvreté en France. Putain ! Et dire que j’attends encore mon Nobel ! Mais enfin qu’attend-on pour baisser le smic ? Et ne me dîtes pas que si le smic baisse, il y aura plus de pauvres parce que les salaires vont baisser. C’est trop facile, comme raisonnement. Si le smic baisse, il y aura plus de gens qui gagneront moins. De plus en plus même. Et donc notre statistique de la pauvreté va baisser. C’est simple comme bonjour. Vous me direz que la statistique va baisser mais qu’il y aura plus de gens qui en auront moins dans les poches. Oui, c’est vrai, mais enfin, ce sont des gueux !

Il n’est pire sourd…

Selon une dépêche de l’AP titrée « 35 heures : Fillon exprime la détermination totale du gouvernement », M. Fillon a déclaré « La voie du dialogue est toujours ouverte, mais en même temps chacun doit être conscient que notre détermination à agir est totale ».
Si l’on traduit en Français la pensée contradictoire du premier ministre, cela signifie sans doute que l’on a placé un panneau sens interdit de chaque côté de cette « voie du dialogue », afin d’être bien certain que nul ne l’empruntera. Dommage que ce ne soit pas sa détermination à écouter qui soit totale, la voix du dialogue aurait peut-être pu devenir audible.
M. Fillon a ajouté qu’ « il ne s’agit pas de renoncer à la durée légale, il s’agit de permettre la négociation de l’usage des heures supplémentaires dans l’entreprise sur la base d’accords majoritaires ».
Notons que le premier ministre prend soin de ne pas préciser à quelle durée légale il entend ne pas renoncer. Au vu de l’accord sur le temps de travail, que nous ont mitonné les ministres européens de l’Emploi, il y a de quoi être inquiet.
Quant à ce dont au sujet duquel il s’agit de « permettre », je suis un peu surpris de l’urgence décrétée par M. Fillon : « Nous ne pouvons plus aujourd’hui perdre de temps ». Les heures supplémentaires sont actuellement possibles, légales, annualisables (depuis les 35 heures), rémunérées avec un supplément de 10% contre 25% auparavant, et l’employé n’a pas le droit de les refuser. Il m’apparaît clairement qu’il y a urgence à cesser de prendre les entreprises à la gorge. C’est pourquoi le gouvernement va éviter la négociation afin de permettre aux entreprises de négocier. Comment s’étonner ?