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Le caillou dans la chaussure

17 janvier 2012

La crise pour les nuls


Au départ, c’est la crise des subprimes. Les banques et les organismes de crédit ont déconné. Ils ont prêté à des gens dont ils savaient parfaitement qu’ils ne seraient pas solvables. Ils comptaient sur l’assurance qu’ils prenaient grâce à la titrisation qui permettait de découper les créances afin de disséminer le risque. C’était oublier que le principe d’une assurance c’est que les accidents doivent être exceptionnels pour que cela fonctionne. Tout le monde paie un peu, quelques-uns touchent beaucoup. Si personne ne peut échapper à un énorme carambolage, l’assurance ne peut être en mesure de payer beaucoup à tout le monde.
On aurait pu alors prendre le problème à la base. En effet, si les gens peuvent payer leur crédit, il n’y a pas de crise. On aurait donc pu choisir d’aider ceux qui étaient en difficulté pour rembourser leur emprunt. En y ajoutant l’interdiction des crédits hypothécaires, on peut penser que la crise naissante aurait été étouffée dans l’œuf, quand bien même cela aurait brutalement augmenté l’endettement des Etats-Unis.
Au lieu de cela, on a préféré laisser les pauvres sombrer et essayer d’aider les banques car elles se retrouvaient couvertes de créances pourries. Les Etats ne pouvaient pas laisser tomber les banques car ils n’auraient pas eu les moyens de garantir l’épargne des particuliers. Ils se sont donc endettés pour sauver les banques. Mais surtout sans jamais, ou presque, en prendre le contrôle. Intoxiqués par le dogme néolibéral, les dirigeants sont restés persuadés que l’Etat c’est forcément mal.
Les banques s’en sont sorties, tout en restant fragiles. Lorsqu’elles se sont rendues compte, avec leurs acolytes les hedge funds, que certains états n’avaient d’autre moyen de financer leurs emprunts que de les solliciter, elles se sont inquiétées. En effet, avec l’élévation du niveau d’endettement et l’interdiction de d’emprunter auprès de sa propre banque centrale, il devenait possible que des Etats fassent faillite et ne puissent honorer leurs dettes. Les marchés ont alors réalisé qu’une grande partie des créances sûres qu’ils détenaient devenaient de fait des créances pourries, elles aussi. Ils n’ont continué à prêter, et avec parcimonie, qu’à des taux de plus en plus élevés.
Nous en sommes là et l’issue est incertaine. En effet, il n’est pas possible pour un Etat de réduire sa dette quand il emprunte à un taux supérieur à son taux de croissance. Quand, en plus, les dirigeants politiques s’obstinent dans la voie de l’austérité qui ne peut que conduire à la récession, aucune chance d’améliorer la situation.
On pourrait penser naïvement qu’il suffirait à la banque centrale de pouvoir prêter à l’Etat pour que les marchés ne soient plus effrayés et que les taux d’emprunt redescendent. On pourrait penser naïvement que si les Etats avaient pris le contrôle de certaines banques en difficulté, ils pourraient les utiliser pour emprunter à faible taux auprès de la banque centrale. On pourrait moins naïvement penser que certaines dettes sont illégitimes, car elles n’ont pas été contractées pour le bénéfice du peuple, et ne doivent pas être remboursées.
On pourrait même penser que cette crise ressemble à coup d’Etat des marchés contre les démocraties. Qu’ils utilisent leurs bras armés (agences de notation, dirigeants des banques centrales indépendantes, dirigeants de l’UE non élus, etc.) pour soumettre les Etats à leurs préférences.
Mais c’est sans compter sur l’abjection dont est capable notre classe politique. A cet égard certaines citations sont révélatrices d’un état d’esprit largement répandu qui considère que le peuple n’est bon qu’à se soumettre, à courber l’échine et à faire où et quand on lui dit de faire. C’est la raison pour laquelle, nos dirigeants ont choisi de se servir de la crise comme d’un alibi pour appliquer avec plus de ferveur encore le programme néolibéral. Et s’il ne marche pas, ce que tout le monde peut constater tous les jours, c’est juste parce qu’on n’est pas allé assez loin. Il faut toujours pousser le bouchon plus loin.
Sarko en personne nous l’a expliqué à Amboise, deux jours après que la notation de la France ait été revue à la baisse par S&P : « Je leur dirai les décisions importantes qu'il nous faut prendre sans perdre de temps. […] Cette crise permettra de prendre des décisions rapidement parce que la situation l'impose, décisions que nous n'aurions pas pu prendre si nous n'étions pas face à ces responsabilités telles que nous les connaissons aujourd'hui. »
Dégoulinant de cynisme, il n’avance même plus masqué. Et loin de se plaindre, il reconnaît ainsi que la crise en général, et cette décision de S&P en particulier, constitue une véritable opportunité de continuer à démanteler l’Etat social en assénant qu’il n’y a bien sûr par d’autres voies possibles, des voies qu’on ne peut de toute façon pas voir en fermant délibérément les yeux, et en évitant toute forme de rébellion de la part d’un peuple déjà tellement résigné.
Pour Sarko, la crise c’est chouette, on peut tondre les moutons en leur faisant croire que c'est pour leur bien et qu’il n’y a pas d’autre voie possible. Et la dégradation de la note de la France, c’est en quelque sorte la cerise sur le gâteau.

2 commentaires :

  • CONFORT DE CHIEN PLUTÔT QUE BONHEUR DE VEAU

    Ma demeure, une grosse cabane informelle perdue au coeur de la forêt -avec une cheminée pour tout chauffage- n'a pas d’eau courante, nulle électricité et encore moins de décoration.

    Je ne consomme aucune viande, bois de l’eau claire, ne vais jamais au cinéma, ignore la télévision, suis totalement déconnecté des agitations du monde. Non par contrainte, exclusion sociale ou pauvreté matérielle mais par choix.

    Je vis comme un moine.

    Ou pour être plus exact, pareil à un authentique bourgeois sous le règne du grand roi Louis XIV. Même les pharaons ne vivaient guère mieux que moi, d’ailleurs certains mourraient jeunes.

    Je suis sobre disais-je.

    Grâce à ce régime économique ma santé est excellente : je suis robuste, toujours en pleine forme, sain, rieur.

    J’ai très peu d’argent. Enfin juste assez pour me nourrir et parer à mes besoins vitaux. Indifférent à la mode, isolé dans les bois je n’ai pas le souci de plaire à mes voisins, à un patron, à des clients, bref à une société superficielle. Les rares humains que je fréquente sont tous gens supérieurement intelligents qui se moquent de la qualité ou de la couleur des vêtements que je porte. Je suis propre sur moi mais libre de me vêtir sans aucune pression sociale. J’ai juste assez pour vivre, j’estime donc être riche. D’autant que je suis très satisfait de mon sort de ce point de vue.

    L’hiver pendant que mes frères humains gavés toute l’année de confort, de futilités et de surconsommation en tous genres se lamentent du froid, tremblent pour leurs canalisations ou crient au scandale parce que les axes routiers menant aux ”sports d’hiver” ne sont pas déneigés assez vite, moi je me réjouis de la beauté du givre qui fait craquer mon toit et blanchit la forêt.

    Et tandis que certains citoyens désenchantés de ce beau pays de France (que le froid rend encore plus ingrats envers le sort) portent plainte contre le maire de leur commune pour “négligence” parce qu’ils ont glissé avec douleur sur le verglas de la voie publique, je glisse moi aussi au fond d’un fossé dans une gerbe de flocons virevoltant autour de moi. Et cela m’amuse.

    Eux ont prévu cet “inconvénient” dans leur contrat d’assurance tous risques... Moi je n’ai rien prévu, je vis sans assurance et je ne me fais point mal. Mais il est vrai qu’en hiver je ne pars pas en “vacances d’hiver” faire du ski à 500 kilomètres de ma forêt enneigée... Par conséquent je réduis considérablement les risques de me faire... décerveler.

    Au printemps mes semblables calfeutrés dans leurs maisons chauffées entourées de moquette craignent les pollens. Ils remplacent leurs anticorps perdus en ingurgitant de la “parapharmacie.” Moi je respire les odeurs de la saison, me fait piquer par des abeilles, me lave à l’eau de pluie, insensible aux effets “nuisibles” des éléments que redoutent tant les citadins, et cela fortifie ma santé au lieu de l’affaiblir.

    Avec mon existence frugale, mes moeurs viriles, mon mode de vie rustique, mes moyens de subsistance modestes je passe pour un miséreux au fond de la forêt, dans ma maison de rondins.

    Dans ce monde de mollesse, de frilosité, de geignards, de convoitises superflues, les gens vraiment heureux sont ceux qui possèdent le moins de choses matérielles et vivent dans l’âpre confort naturel.

    Les autres s’ennuient au point d‘aller courir après la neige en hiver ailleurs que chez eux et, l'été, après le soleil beaucoup plus bas au sud... Le plus drôle, le plus absurde, c’est qu’ils se plaignent de la poudreuse en janvier et de la chaleur en juillet lorsqu'elles tombent sur leurs toits et en même temps ils vont les chercher à grands frais et avec avidité à des centaines de lieues de chez eux...

    Au fond de ma cabane sans eau courante, sans électricité, sans téléphone, sans radiateur, sans moquette, sans télévision, j’ai l’hiver en hiver, le printemps au printemps, l’été en été, l’automne en automne.

    Mais surtout j’ai, en surplus gratuitement toute l’année, le vrai bonheur.

    Raphaël Zacharie de IZARRA

    Par Blogger Raphaël Zacharie de IZARRA17/1/12 22:21  

  • @ Raphaël : Y a-t-il vraiment un rapport entre ton commentaire et ce billet ?

    Par Blogger sol18/1/12 06:37  

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