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Le caillou dans la chaussure

22 janvier 2008

Déchiré


« La vie n'est pas un problème qui puisse être résolu en divisant la lumière par l'obscurité et les jours par les nuits, c'est un voyage imprévisible en des lieux qui n'existent pas. »

« Le suicide est la seule preuve de la liberté humaine. »

« Il est absurde de prétendre que l'homme soit fait pour autre chose que pour vivre. »

Ces passages sont extraits d'un incontournable texte dont le titre à lui seul en dit long sur le pessimisme et la lucidité de son auteur, Stig Dagerman :
Notre besoin de consolation est impossible à rassasier.
J'ai, à chaque fois que le lis, l'impression que quelque chose se déchire au plus profond de mon âme.
Depuis quelques temps, j'ai le plaisir de pouvoir écouter ce texte au lieu de le lire et je tenais à vous le faire partager.

10 janvier 2008

Référendum : La France a déjà voté OUI

Alors que se profile la prochaine ratification du traité simplifié pour l’UE par l’assemblée nationale, certains empêcheurs d’européer en Europe font délibérément du zèle en vue de s’y opposer.
Ils espèrent obtenir un blocage de la modification de la constitution française par les parlementaires. Ils peuvent toujours rêver. Certes la droite n’est pas majoritaire puisqu’il qu’il faut les deux tiers des députés et sénateurs réunis pour l’autoriser, et que de plus quelques élus de l’UMP, indécrottables nonistes, persistent dans leur attitude de moutons noirs. Certes le PS pourrait quasiment à lui seul bloquer cette modification et imposer ainsi le passage par le référendum, comme Ségolène Royal et le parti qui la soutenait s’y étaient engagés pendant la campagne électorale de la dernière présidentielle.
Les pénibles souhaitent de nouveau bloquer l’UE au moment où elle paraît prête à se relancer. La spectaculaire paralysie du géant bleu, l’insurmontable retard pris sur l’inéluctable marche du monde ne leur suffisent pas. Il est pourtant plus que temps de sortir de la léthargie et de renouer avec le principe de la réforme, pourvu qu’elle libère le marché. Et ce n’est quand même pas la faute du marché si les salariés sont affaiblis ou les consommateurs enchaînés. Les salariés sont libres de ne plus l’être si leur statut est si pénalisant. Ils voudraient quoi ? L’autogestion ? Je me marre. Ils savent bien au fond qu’il n’y a pas d’alternative. N’ont qu’à monter leur boîte. Quant aux consommateurs, ils sont les premiers bénéficiaires de la concurrence [1] et ce n’est pas la peine de se lamenter pour quelques quasi-monopoles.
Alors qu’on ne leur a rien demandé, pénibles donnent sans cesse leur avis, argumentent sempiternellement et vont même, c’est un comble, jusqu’à lire le nouveau traité pourtant rendu délibérément illisible dans sa nouvelle rédaction. Ils affirment qu’on a remodelé la constitution en en gardant la substantifique moelle, qu’on a ainsi fait sortir par la porte tout ce qui les gênait clairement et pour mieux le ré-introduire par la fenêtre des annexes et autres amendements. Par exemple la concurrence libre et non faussée, qui figurait dans l’article 2 du TCE, en a été retirée pour les satisfaire. Elle n’apparaît plus que dans un minable protocole annexe [2]. Ils vont même jusqu’à soudoyer d’incontestables partisans du traité tels que Valery Giscard d’Estaing, Jose-Luis Zapatero, Angela Merkel ou Jean-Luc Dehaene, pour leur faire dire que rien de fondamental n’a été changé si ce n’est la présentation. Mais enfin, de qui se moque-t-on ?
Les pénibles déclarent que ce qui a été fait par référendum ne peut être défait que par référendum. Certes, mais le nouveau traité a été simplifié. Il n’a plus rien à voir avec le défunt TCE. La preuve, c’est que Nicolas Sarkozy lui-même l’appelle mini-traité. D’ailleurs il est plus long que l’ancien et contient plus d’articles. Tous mélangés. Ce qui, nul ne peut le contester, contribue à la simplification autant qu'au caractère mini.
Maintenant il faut parler clairement et dire les choses telles qu’elles sont. Il n’y a pas de surprise. Pendant la campagne électorale qui s’est brillamment conclue pour lui, le candidat Nicolas Sarkozy avait annoncé de manière on ne peut plus franche qu’il obtiendrait un nouveau traité simplifié et qu’il le ferait ratifier par voie parlementaire [3]. Il ne fait que tenir sa parole. Et certains le lui reprochent ! De quel droit ?

De toute façon le référendum a déjà eu lieu.


C’était le 6 mai 2007. Et la France a voté oui à 53,06 %. Alors camembert !


Notes
[1] Il est quand même fort rare qu’on arrive à prouver qu’elle s’entend sur leur dos.
[2] Qui a, je le dis discrètement à l’attention des personnes raisonnables qui savent voter comme on leur dit, a la même valeur exactement que l’article retiré.
[3] En même temps, l’aurait bien eu du mal à faire autrement, vu que les autres gouvernements de l’UE n’étaient disposés à relancer des négociations qu’à la condition qu’il n’y aurait pas de nouveau référendum en France.

04 janvier 2008

Deux problèmes, une solution

Notre omniprésident vient tout juste d’annoncer qu’il est temps de mettre en œuvre un système de sanctions pour les chômeurs allergiques au travail. Comment ne pas trouver intolérable en effet, qu’en dépit des 500.000 offres d’emploi qui demeurent vacantes, certains flemmards préfèrent se montrer exigeant et continuer à se la couler douce aux frais de la princesse. La nécessité de punir les chômeurs qui refuseraient deux offres d’emploi acceptables par un nègre analphabète fraîchement débarqué en toute illégalité de sa cambrousse natale ne fait plus de doute.
Bien entendu, j’entends déjà les stupides ricanements de tous ceux, multitude oisive, qui ont déjà testé les services de l’ANPE sans avoir aperçu l’ombre d’une proposition de boulot. A tous ceux-là pour qui l’éventualité de deux offres même inacceptables semble tellement improbable, je me permets de rappeler que les effets de la prochaine fusion avec les ASSEDIC ne vont pas tarder à se faire sentir. Et puis, si cela s’avère insuffisant, on pourra passer à la vitesse supérieure avec la privatisation, moyen souvent indispensable pour remettre enfin au turbin les tire-au-flanc fonctionnaires.
Evidemment, il est indispensable de définir clairement ce que l’on entend par acceptable, ce que personne n’a encore fait. Mais je crois déjà être en mesure d’annoncer que l’on entend par là un travail que l’on ne peut pas décemment refuser. Et que l’on ne vienne pas me seriner avec des problèmes de compétences, de qualités, de salaires, d’horaires, de distance avec le logement, ou encore d’autres fadaises. Un boulot c’est un boulot et quand on a deux bras et deux jambes, on se bouge le cul et on bosse. On ne cherche pas à profiter abusivement d’un système qui, s’il peut occasionnellement aider quelque pauvre bougre en difficulté, est surtout là pour rassurer ceux qui n’en ont pas besoin.
D’un autre côté, le ministère de la France aux Français peine, en dépit de remarquables efforts, à atteindre les objectifs fixés par l’omniprésident en matière d’expulsion d’étrangers en situation irrégulière. Ce n’est pourtant pas faute de mobiliser toutes les énergies dans cette mission hautement humanitaire, n’en déplaise à tous les droit-de-l’hommistes, anarchistes et autres crypto-gauchistes. Ce n’est pas par plaisir mais par nécessité que l’on se donne la possibilité d’interpeller les hors-la-loi jusque dans les blocs opératoires des hôpitaux.
Pour autant, en dépit de la puissance et de l’efficacité des forces de l’ordre, et de la faiblesse et de la vulnérabilité des fantômes malhonnêtes qui hantent nos rêves d’une France propre, il devient de plus en plus compliqué de les dénicher. C’est pourquoi je me permets de faire une proposition dont je ne doute pas un seul instant qu’elle sera reprise par les cabinets ministériels concernés qui ne peuvent que souhaiter une amélioration de leur évaluation par le père Fouettard.

Il faut expulser les chômeurs.


Pas tous, évidemment. Je ne suis pas un extrémiste ! Mais ceux qui refusent deux offres acceptables le méritent bien. Nous nous trouverons alors face à deux cas de figures. Soit le chômeur est étranger et, comme vous pouvez vous en douter, sa voie est tracée. Soit il est français, et là, j’entends déjà les capitulards en tout genre ronchonner sur l’impossibilité de l’expulsion. Détrompez-vous ! Il n’y a pourtant rien de plus simple. Il suffit de déchoir ces paresseux de la nationalité française. Etre français, ça se mérite. Un Français, ça travaille. Et je dirais même plus, un Français, ça travaille plus pour gagner plus. Et si ça ne gagne pas plus, ça travaille encore plus pour y arriver. Ceux qui ne sont pas dignes d’être Français se verront retirer leur nationalité et deviendront des apatrides. Il suffira alors de les expulser vers le pays de leur choix.
Et voilou, ce n’est pas plus compliqué que ça. Inutile de s’encombrer de considérations psychologico-sociale. Le résultat doit être notre culture. Moins de chômeurs, plus d’expulsés, faisons d’une pierre deux coups.
Elle est pas belle la vie ?

03 janvier 2008

Les vacances de M. Kozy

Devant l’échauffement répétitif des esprits chagrins produit par les vacances de notre omniprésident depuis son élection (Malte, Wolfeboro, Louxor), un comité de citoyens anonymes vient de se mettre en place afin de préparer en toute discrétion mais avec efficacité les prochains congés du sieur Kozy.
Une avalanche de critiques s’est, en effet, abattue sur les médias pour regretter que des familles riches se permettent des cadeaux envers un élu [1] qui pourrait, à l’occasion, ressentir le désir de renvoyer la balle. C’est bien mal connaître notre incorruptible omniprésident et sa légendaire probité. Jamais il n’a profité de son pouvoir pour favoriser la nomination des ses amis à des postes de responsabilité dans les médias, jamais il n’a accepté de cadeaux de la part d’un promoteur en vue dans sa chère ville de Neuilly, et ce ne sont pas les médisances de certains sur ses rapports supposés avec de généreux et désintéressés donateurs qui vont y changer quoi que ce soit.
Toutefois, notre omniprésident, qui n’est pas un privilégié [2] ni un parvenu [3], a bien du mal à financer des vacances dont le standing doit pourtant bien correspondre au prestige de sa fonction. Et ce n’est pas avec un salaire de président, même vertigineusement revalorisé, qu’il pourra se le permettre. C’est pourquoi, nous, citoyens bienveillants, lançons une grande collecte anonyme et volontaire afin de maintenir l’indépendance de l’Etat jusqu’au plus haut niveau et d’éloigner tout soupçon de lobbying.

Aidez-nous à mettre l’omniprésident sur pause,
participez au vacancethon,
envoyez nous vos promesses de dons ! [4]



Notes
[1] Du peuple, pas de Dieu !
[2] Il n’est, en effet, ni salarié à la RATP, ni à la SNCF.
[3] Pour cela, il ne suffit pas d’arriver en haut à droite, encore faut-il partir d’en bas à gauche.
[4] Même si cela vous oblige à travailler plus. Le temps de travail négocié va vous y aider, foi de Fillon.