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Le caillou dans la chaussure

17 décembre 2007

Vous allez vous serrer la ceinture !

Les derniers taux mensuels d’inflation annoncés sont en hausse sensible. Nul ne semble en mesure de dire ce qu’ils seront demain, ni s’il s’agit d’un phénomène temporaire ou durable. Le taux d’inflation va-t-il redescendre à son niveau, très bas, des dernières années ou s’envoler jusqu’aux sommets qui étaient la norme des années 70 ?
La BCE est en alerte. Tous les journaux l’annoncent. Mais c’est vous qui devriez vous alerter. En effet, la BCE n’est pas en mesure « d’empêcher l’augmentation des prix du pétrole ou des prix d’autres matières premières » comme l’explique Guy Quaden, le gouverneur de la Banque nationale de Belgique. Par contre, le même indique que ce que les banquiers centraux doivent faire, « c’est d’empêcher une contagion, le développement de ce qu’on appelle des effets de second tour. » Il s’agit donc plus précisément d’éviter l’augmentation compensatoire des salaires ainsi que la répercussion des hausses des coûts par les entreprises.
Ce qui signifie que les salariés vont voir leur pouvoir d’achat se comprimer et les entreprises risquent bien de se trouver en difficulté. Car il semble illusoire d’espérer une baisse du prix du pétrole en ces temps de pénurie annoncée, tout comme une baisse des matières premières agricoles est absolument inenvisageable au moment où se développe le marché des agro-carburants.
Je ne tiens nullement à jouer les Cassandre, mais le programme des réjouissances s’annonce particulièrement joyeux : sans doute plus de chômage et dans tous les cas un pouvoir d’achat réduit.

Ça va charcler !

14 décembre 2007

Le champ des possibles

Avant toute chose, je souhaite m’excuser par avance auprès de mes lecteurs pour l’emploi des gros mots. Ça se fait pas, c’est pas bien. Je sais, on ne dit pas capitalisme. C’est mal, c’est vulgaire, c’est ringard. J’assume. Parce que ce dont je veux parler c’est du capitalisme lui-même, en général, et non pas d’une de ses formes particulières, et parfois outrancière, comme le libéralisme ou le néolibéralisme.

Les socialistes ne veulent pas du socialisme. Cela ne vous surprendra sans doute pas. Et même peut-être que cela réjouira certains d’entre vous. Pourtant ce ne fut pas toujours le cas.
À la fin du 19ème siècle et au début du 20ème, le débat a fait rage entre les diverses stratégies à utiliser pour parvenir à l’établissement d’une société socialiste. Différents courants se sont opposés mais toute la gauche partageait le rêve d’un monde débarrassé du capitalisme. Les réformistes et les révolutionnaires s’opposaient, programme minimum contre action violente. D’une certaine manière les réformistes souhaitaient faire tout ce qu’ils pensaient possible, alors que les révolutionnaires exigeaient l’impossible [1], ni plus ni moins.
Mais il y a bien longtemps que les socialistes ont abandonné le projet du socialisme comme une société idéale vers laquelle tendre. Et je ne parle pas là des faux socialistes, dont on se demande comment ils ont échoués au parti du même nom, et qui s’acoquinent complaisamment avec le gouvernement le plus violent envers les défavorisés depuis le régime de Vichy. Ceux-là n’ont rien de socialiste mais tout de l’opportuniste. Contrairement à lui toutefois, ils ne retournent pas leur veste mais, comme une sorte de bête à deux dos, ils portent sans vergogne leurs deux vestes en permanence en se promenant sur les chemins sinueux de la pensée politique politicienne qui fluctue selon les courants d’air.
Comme je le disais, ce n’est pas de ceux-là dont au sujet duquel je parle, mais de tous ceux, même les plus mous, qui revendiquent fièrement, ou presque, le nom de leur parti et souhaitent sincèrement [2] amender le capitalisme afin de lui permettre d’afficher un visage plus humain moins inhumain. Eh bien même ces socialistes-là ont depuis longtemps déjà abandonné l’idéal sur lequel se rassemblait leurs glorieux aînés. Ils ont conservé la stratégie du possibilisme mais plus un seul d’entre eux ne souhaite renverser le capitalisme. Ils s’en sont accommodés tant bien que mal sous l’influence des reniements mitterandiens, puis ont définitivement adopté le capitalisme comme horizon indépassable à la suite de la chute de l’empire soviétique. Il n’est pourtant pas évident de lier de quelque manière que ce soit ce défunt régime avec les idéaux qui les avaient animés. Le lien semble si ténu entre la supposée cause et l’effet que l’on peut raisonnablement penser que cette évolution s’était déjà introduite dans leurs esprits et n’attendait q’un prétexte pour oser s’afficher en plein jour. De manière très symbolique, la chute du mur de Berlin semble avoir sonné le glas de leurs idéaux et restreint sans commune mesure le champ de leur possible.
Pourtant tout reste toujours possible. Le pire assurément, qui nous semble tellement promis que son inéluctabilité nous incite à tous les renoncements, mais aussi le meilleur si nous luttons. C’est ce qu’avait parfaitement compris Hayek, l’un des grands théoriciens et promoteurs de la pensée néolibérale, qui dès 1949, en pleine époque où même la droite savait se parer d’humanisme, prônait le libéralisme le plus décomplexé en prenant pour modèle « le courage d’être utopiques » des penseurs socialistes qui l’avaient précédé.
Oublions les socialistes, enlevons nos œillères, sortons des ornières, et redécouvrons ensemble l’étendue infinie du champ des possibles.


Notes
[1] En tout cas du point de vue de leurs adversaires.
[2] Accordons leur le bénéfice du doute. Eh oui, je suis d'humeur magnanime aujourd’hui.