.comment-link {margin-left:.6em;}

Le caillou dans la chaussure

23 janvier 2010

Pourquoi cette compassion sélective ?

Je ressens toujours un peu d’écœurement devant la débauche de bons sentiments qui ressurgit régulièrement lors de chaque grande catastrophe naturelle comme le tremblement de terre en Haïti ou le raz-de-marée en Asie.
Pourtant tous ceux qui ont le cœur sur la main et n’hésitent pas à venir en aide aux victimes font indéniablement preuve de générosité. Mais ce que je parviens pas à comprendre, c’est pourquoi les victimes d’autres catastrophes moins naturelles mais tout aussi violentes n’incitent pas à la même compassion. Comment se fait-il que nous en fassions si peu pour venir en aide aux Palestiniens de Gaza dont les habitations sont bombardées [1], aux déplacés du Darfour, aux indépendantistes du Timor ou aux Rwandais découpés à la machette par leurs compatriotes ? Y aurait-il des victimes plus méritantes que d’autres ? Ou plus innocentes ? L’identification est-elle plus facile avec les victimes des catastrophes naturelles ? Ou bien les victimes des actions humaines sont-elles politiquement coupables de ce qu’elles subissent ?
Je n’ai pas de réponse définitive, juste des pistes de réflexion. Mais il est fort paradoxal que nous en fassions si peu pour les catastrophes causées par les hommes alors que c’est contre elle que nous serions en mesure d’agir avec le plus d’efficacité.
J’ai bien du mal à comprendre les raisons qui nous conduisent à trier les bonnes et les mauvaises victimes mais ce sont pourtant pour ces raisons-là qu’une fois le tremblement de terre oublié [2], Haïti pourra continuer de tenter de subsister dans la misère et sa population risque bien de n’avoir pas fini de se nourrir de galettes d’argile.


Notes
[1] Rappelons qu’un tiers des victimes de l’opération Plomb durci étaient des enfants.
[2] Cela prendra quelques semaines tout au plus, peut-être quelques mois.

8 commentaires :

  • Je n'ais qu'un môt pour vous répondre: Égoïsme.

    Ce qui survient aux Palestiniens et à d'autres personnes causé par la main de l'homme, on pense que cela ne peut pas nour faire dommage, tandis que nous nous placons dans le lieu des personnes qui sont victimes de la Nature en pensant que nous pouvons aussi faire l'objet d'une autre catastrophe naturelle.

    Bienvenue au monde des blogs.

    Par Blogger Jose25/1/10 07:58  

  • Bonjour

    Tout d'abord merci pour cette cette réflexion et la question posée ; je souscris aussi assez volontiers au commentaire précédent.

    Ce qui se passe en réaction à cette catastrophe en Haïti est de mon point de vue à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle.

    La bonne nouvelle c'est pour moi cette réaction rapide de la générosité dans ce qui est devenu un village planétaire par les progrès des communications et le sentiment d'appartenir à la même famille humaine.
    La mauvaise, toujours pour moi, c'est qu'une fois passée l'émotion suscitée et entretenue par les médias qui adorent surfer sur l'émotionnel ( et à mon avis pas uniquement par générosité mais par intérêt ),l'humanité continuera à produire parallèlement ici et là des horreurs dans une quasi-indifférence générale.
    Le danger avec la communication sur le mode émotionnel, c'est qu'il faut régulièrement augmenter la dose, et de ce point de vue les médias traditionnels ne nous incitent pas à la réflexion raisonnée mais à la réaction instinctive ; ce qui fait que d'autres catastrophes humaines, provoquées par l'homme lui-même qui les provoque et les entretient, et dont on est régulièrement "gavés" par les journaux papier ou télévisés depuis déjà longtemps, ne nous touchent plus émotionnellement.

    Autant il est relativement "facile" de succomber à l'émotionnel, autant réfléchir à un monde plus juste demande un effort de réflexion et un sens de la responsabilisation que la société en général, et les médias ou les responsables politiques en particulier, ne nous poussent pas à acquérir car ça leur compliquerait la tâche et ne servirait pas leurs intérêts immédiats.
    Ceci dit, je pense qu'il est aussi de notre responsabilité individuelle de ne pas céder à la facilité et de refuser consciemment cette manipulation des consciences.
    Nous avons aujourd'hui, et notamment grâce à ce formidable outil qu'est l'internet, la possibilité de faire évoluer notre vision consciente du monde qui nous entoure.

    René Jourdren

    Par Blogger renato66625/1/10 11:02  

  • @ Jose : Egoïsme, je ne crois pas trop. Ou sinon, l'égoïsme est lui aussi éminemment sélectif.

    @ renato666 : Je souscris volontiers sur le fait qui ni les médias, ni les responsables politiques ne nous aident, en général, à être plus éclairés sur la plupart des problèmes. En tout cas, s'ils leur arrive de nous éclairer, ce n'est jamais parce que tel était leur objectif, mais plutôt comme un "dégât collatéral" des buts qu'ils poursuivent.

    @ tous les deux : Il ne faut quand même pas oublier que toutes catastrophes naturelles ne conduisent pas à la même générosité. Si le tremblement de terre arménien avait ému les foules, ceux survenus en Iran, en Algérie, en Chine ou au Japon, ont laissé le monde plutôt indifférent. Je veux dire qu'en dépit d'une certaine compassion "de principe", les actes n'ont pas suivi.
    Il y a pour moi un double problème : d'une part la victime doit être méritante (même pour les seul cas des catastrophes naturelles), d'autre part, même si elle est méritante il vaut mieux qu'elle ne soit pas victime de l'action des hommes. Il y a en effet des années qu'Haïti est dans une situation catastrophique, et nos gouvernements occidentaux n'y sont pas pour rien, et cela n'avait jusque-là pas ému grand monde.

    Par Blogger sol25/1/10 12:21  

  • Merci pour cette réflexion à laquelle j'adhère totalement ! D'ailleurs, voici un texte que j'ai écrit hier et qui va dans le même sens :

    http://www.mdpublicite.com/Mailing-Liste/newsletter3.php

    Par Anonymous Jahwel25/1/10 14:56  

  • L'égoïsme a beaucoup à faire avec les lieux. Quelque chose qu'affecte notre hémisphère occidental nous est plus proche que cela qui survient de l'autre moitié de la terre. Nous surveillons plus nos voisins que ceux qui vivent à plusieurs kilomètres de distance.

    Par Blogger Jose26/1/10 18:57  

  • @ Jose :
    Mais il se trouve que les gens ont été touchés par ce qui est survenu lors du fameux tsunami à l'autre bout du monde alors que l'ouragan Katrina n'a pas déclenché la même compassion, loin de là. Donc les lieux, oui d'une certaine manière mais pas uniquement. Je ne crois pas que ce soit la seule explication. C'est plus compliqué que ça.
    Même s'il y a une facilité ou difficulté d'identification qui peut expliquer beaucoup de choses, je reste convaincu que certaines victimes sont considérées comme ayant, d'une certaine manière, mérité leur sort et donc ne méritant pas notre compassion.

    Par Blogger sol27/1/10 10:45  

  • Alors, peut-être c'est la manière comment les medias agissent avec les nouvelles qui nous font être compatissants ou non. La forme dont les nouvelles sont rédigées, mai j'insiste que malgré tout il y a un compossant égoïste dans l'être humain qui le pousse a réagir d'une ou d'autre facon. Et ce compossant par rapport à l'individu, il n'est pas collectif.

    Par Blogger Jose27/1/10 18:37  

  • Seulement pour dire que l'aide promise aux Haitiens n'est encore arrivée qu'à un petit pourcentage, la plupart manquent toujours les produits basiques, médicaments, eau et aliments.

    Il y a néanmoins à peu près 10,000 soldats américains dans les lieux: quelque chose vraiement nécéssaire...n'est-ce pas?

    Assez illustrative pour la solidarité internationale.

    Par Blogger Jose30/1/10 08:34  

Enregistrer un commentaire

<< Home