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Le caillou dans la chaussure

29 mai 2006

Renverser l'utopie néolibérale

L’utopie néolibérale rêve d’individus parfaitement égoïstes, dans un monde sans contraintes, croissant sans limites. Mais tout n’y est qu’erreur.
Il est indéniable que l’individu peut se montrer égoïste, et qu’il a largement tendance à l’être de plus en plus, mais le réduire à cela, c’est se tromper. Chacun est aussi un père, une mère, un frère, une sœur, un enfant, un ami, un amour, un ennemi, … Toutes choses qui peuvent nous rendre irrationnels mais aussi parfois plus intelligents qu’égoïstes. Chacun sait, en général, très bien où se trouve son intérêt financier immédiat mais on peut se réjouir que d’autres dimensions interviennent parfois dans ses choix, guidés alors par des intérêts qui peuvent être divergents.
L’absence totale de contraintes, autres que celles que les individus se donnent en contractant ensemble, n’existera jamais ailleurs que dans les études des économistes et les rêves les plus fous des néolibéraux. Il y aura toujours trop d’opposants à l’idée d’un monde sans lois pour même imaginer qu’il puisse se réaliser. Non que l’homme ait peur de la liberté mais nombreux sont ceux qui sont bien conscients que, dans une situation d’inégalité de fait, la liberté n’est le plus souvent que la liberté du plus fort, et que le faible n’a que bien rarement l’occasion de vérifier que sa liberté est plus que potentielle.
Quant à la croissance infinie, en rêver dans un monde fini n’est pas digne d’un esprit lucide.
Le néolibéralisme est donc une utopie que l’on essaye avec force et conviction de nous imposer comme une voie naturelle et inéluctable, un remède à tous nos maux. Il est temps de renverser cette utopie par un réalisme férocement humaniste qui ne pourra manquer d’intégrer une puissante dimension écologique, sous peine de se mettre lui-même en situation d’échec. Mais ceci ne pourra se faire que par une reconquête populaire du pouvoir entraînant l’établissement et la pratique d’une démocratie véritable.
C’est pas gagné !

26 mai 2006

Entrer en résistance

On lit parfois des histoires qui éveillent en nous des sentiments contradictoires. Celle-ci m’a fait froid dans le dos et en même temps, j’ai été très touché par la tragique situation de cette petite fille et de sa mère, ainsi que par le courage de tous ceux qui s’engagent pour les défendre. La situation n’a rien à voir, mais on ne peut, malgré tout, s’empêcher de faire le lien avec une autre période, dramatique, de notre histoire. Quand la loi est inique, la désobéissance civile est un devoir.

24 mai 2006

Le comble du sondage idiot

Est-il possible de faire pire que ça ?

10 mai 2006

Du motif du licenciement


Le principal argument que nous ont servi les défenseurs du défunt CPE et que nous servent les mêmes au sujet du CNE, c’est la nécessaire simplification des procédures de licenciements pour augmenter les embauches, leitmotiv médéfien par excellence. J’ai déjà indiqué qu’il n’y avait pas de lien de cause à effet entre une faible protection des salariés et un bas niveau de chômage. De plus, Bruno Labatut-Couairon, inspecteur du travail, nous explique à quel point licencier est déjà très simple : une lettre, un entretien, une autre lettre, et le tour est joué. C’est à la portée du premier crétin venu, encore faut-il avoir une raison légitime de la faire. Personne ne vire quelqu’un sans raison. Alors pourquoi cacher cette raison ? Licencier sans fournir de motif c’est licencier pour un mauvais motif. Et le simple fait de pouvoir le faire offre aux employeurs un moyen de pression singulièrement contraignant envers leurs employés. En effet, cela permet à un patron peu scrupuleux de passer outre le droit du travail et par exemple d’imposer des heures supplémentaires non payées ou de ne pas respecter les normes de sécurité ; en bref, de se conduire comme une ordure. Il est évident que, malgré la faiblesse intrinsèque des hommes devant l’utilisation du pouvoir (et ses abus potentiels), l’immense majorité des patrons saura se draper de toutes ses vertus afin de ne pas céder à la tentation. Toutefois cette simple éventualité tire vers le bas les conditions de travail de l’ensemble des salariés puisqu’un employeur respectueux de la loi et de ses employés prendrait le risque d’être mis en difficulté par des concurrents moins loyaux. C’est donc, par un effet de dumping, le principe de la moindre protection sociale qui deviendra la norme.
On nous affirme que, pour se permettre d’embaucher, le patron doit se sentir libre de pouvoir licencier à sa convenance. Il est parfaitement concevable que certains d’entre eux puissent avoir un blocage psychologique au moment d’embaucher, mais est-ce une raison suffisante pour se permettre de jouer avec la vie des autres ? On peut comprendre les réticences de certains employeurs devant le risque de se retrouver en difficulté en cas de pertes de marché, de diminution des commandes, et à cet égard un arrêt de la cour de cassation du 11 janvier 2006 doit les rassurer, mais, pour autant, est-il légitime de faire porter par les salariés les risques courus par l’entreprise et ses dirigeants alors que les employés n’ont aucun moyen de contrôle sur ces risques, ni n’en retirent aucun avantage lorsque l’entreprise est bénéficiaire ? Les néo-libéraux nous répondront certainement que oui, mais ils sont bien les seuls à poser pour principe que dans un poulailler les poules sont aussi libre que le renard.