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Le caillou dans la chaussure

10 février 2008

Un bon RMIste est un RMIste pauvre

Voire même très pauvre.
Ne pas avoir de revenus ne suffit pas. Ne suffit plus.
Le décret d'application de l'article 132 de la loi du 21 décembre 2006 de financement pour la sécurité sociale est en cours de rédaction et sa publication ne saurait tarder. Mais déjà, on peut avoir un aperçu de son contenu.
L'attribution du RMI sera soumise à une condition supplémentaire : « l'évaluation du train de vie de l'allocataire ». En voilà une chose qui en jette. Le RMIste est-il un TGViste ou un omnibussien ? Si l'évaluation dépasse la moitié du RMI annuel, son attribution pourra être remise en cause. Seront pris en compte :
- 25% de la valeur locative annuelle du logement (que l'on soit propriétaire, locataire ou occupant à titre gratuit),
- 80% des dépenses des travaux, charges et frais d'entretien relatives à l'habitation,
- 80% des dépenses en personnels et services domestiques,
- 6,25% de la valeur vénale d'une voiture si elle dépasse 10.000€,
- 0,75% de la valeur des bijoux, objets d'art ou précieux, etc.
- 80% des dépenses de voyage ou de club de sport.
Déjà, il s'agit d'une énorme intrusion dans la vie privée. Ceci dit je suis persuadé que les RMIstes sont déjà rôdés à ce sujet. L'administration sait fort bien se montrer inquisitrice.
Heureusement, à l'exception du logement et de la voiture, il me semble que les autres dépenses peuvent être masquées relativement aisément pourvu qu'elles soient payées en espèces.
Je passe sur les dépenses en personnels et services domestiques dont je ne doute pas un seul instant que de nombreux RMIstes aimeraient bien pouvoir se les permettre mais qui, pour d'étranges raisons, restent fort exceptionnelles.
Mais il suffit de cumuler le quart de la valeur locative d'un appartement de taille proportionnelle à la grandeur de la famille, quelques dépenses pour l'habitation, la possession d'un véhicule relativement récent et l'inscription à un club de sport, pour avoisiner, voire dépasser la limite établie.
Evidemment, nombre de RMIstes ne sont même pas en mesure de se loger confortablement, ni d'entretenir leur habitation, ni même de posséder un véhicule en bon état, alors s'offrir un voyage de vacances, c'est pour eux quelque chose d'un autre monde. Quant à cumuler tout cela avec un RMI pour seul revenu, il faut être particulièrement efficace ou peut-être bien aidé par sa famille ou, chose plus rare, par des amis. Mais selon les nouveaux critères d'attribution, une aide, même exceptionnelle entrera dans le train de vie du RMIste et pourrait lui causer plus de préjudice que d'avantage.

De toute façon, il y a fort à parier que tout cela n'est qu'une étape avant de pousser plus loin encore l'inquisition, de manière à réduire, encore et toujours, le nombre d'allocataires.
Restriction des critères d'admission, augmentation des radiations sous tous les prétextes imaginables (même les moins dignes), la recette a déjà été brillament appliquée contre les chômeurs. Nul doute qu'elle fera encore ses preuves envers les RMIstes.
Et ensuite, à qui le tour ?

Dés bébés qui ne savent même pas parler

L'autre soir, ma fille, sept ans et des poussières, saisit, au moment de regagner son pieu, quelques mots du journal télévisé. On y parle du procès de l'hormone de croissance. Elle écoute un peu mais n'y entend pas grand-chose.
Je suis occupé à autre chose et ne réalise qu'elle regarde qu'au moment où elle me questionne, interpelée par une violence qui la dépasse. C'est avec des larmes pleins les yeux qu'elle cherche à comprendre :
« Mais papa, qu'est-ce qu'ils ont fait les bébés ? Pourquoi ils sont morts ? Dis, papa, pourquoi ? »
Je reste calme, stoïque mais je zappe immédiatement. Je tente de la rassurer, un peu vainement tant elle semble atteinte.
« On les a soigné avec des médicaments qui leur ont fait du mal et certains sont tombés malades, d'autres sont morts. »
Elle ne comprend pas. Ce n'est pas possible. Les docteurs, ils soignent, ils aident à guérir !
« Mais non, chérie, ils n'étaient pas méchants les docteurs, ils voulaient bien faire. Ils se sont peut-être trompés. »
Il ne me paraît pas utile de l'accabler avec les réalités de la nature humaine. Elle a encore du temps pour apprendre plein de choses et se forger sa propre expérience.
Elle est en sanglots, inconsolable. Je la serre fort dans mes bras mais rien n'y fait.
« Mais papa, c'étaient des bébés. C'est pas possible. C'étaient des bébés qui avaient même pas encore appris à parler. Tu te rends pas compte ?
- Si chérie, je m'en rends compte. C'est rare mais ça arrive. Tout le monde peut être malade, tout le monde peut mourir. C'est pas juste.
- Si c'est comme ça, elle est pas belle la vie ! »
Je compatis.
« T'as pas tort, mon p'tit loup. »
La vie est parfois franchement moche. Dégueulasse même. Et c'est même pas ça la pire. Le pire c'est qu'on s'habitue.
Mais tu verras, c'est pas toujours comme ça. Parfois aussi la vie est merveilleuse. Heureusement.

06 février 2008

Ils sont pires

Il y a quelques temps, je me suis fendu d’un petit billet pour vous expliquer que le référendum sur le traité européen avait déjà eu lieu. Que c’était en mai 2007, lors de l’élection présidentielle. J’ai essayé d’employer un ton ironique. J’ai délibérément poussé la caricature des nos adversaires aussi loin qu’il me semblait possible.

Mais là, je suis scié. Les bras m’en tombent. Mon esprit de dérision m’abandonne lâchement.

Certains sont pires que ce que je pensais. J’en veux pour preuve les propos de Rama Yade tenus devant des militants de l’UMP au sujet du traité de Lisbonne et d’une éventuelle consultation populaire : « Ce référendum a déjà eu lieu lorsqu’en mai (2007), les Français ont choisi Nicolas Sarkozy. »

Moi, j’étais ironique, mais elle, elle est sérieuse. Elle pense ce qu’elle dit. C’est triste. Et abject.

Pour ceux qui tiennent encore vraiment à voter, je rejoins le Monolecte et je vous propose d’utiliser dorénavant ce bulletin de vote :