.comment-link {margin-left:.6em;}

Le caillou dans la chaussure

24 novembre 2005

Une plainte contre l’armée française entendue ?

Comme nous l'expliquent l'AFP dans une dépêche reprise par Le Monde et l'AP, Brigitte Raynaud, juge au tribunal des armées de Paris, s’est rendue au Rwanda pour y entendre six personnes ayant déposé le 16 février dernier une plainte contre l’armée française pour « complicité de génocide et/ou complicité de crime contre l’humanité ». Le voyage a pour but d’étayer cette plainte, jugée insuffisamment motivée par le procureur. Le simple fait qu’elle n’ait pas été étouffée dans l’œuf doit-il être pris comme un signe d’espoir par tous ceux qui souhaitent que l’éclairage soit enfin fait sur cette sombre période ? Rien n’est moins sûr…

Rwanda, le point de vue des tueurs

Dans un second opus, Jean Hatzfeld, dont j’ai déjà parlé récemment, a rencontré un groupe de Hutus qui ont activement participé au génocide et nous offre ainsi un éclairage complémentaire sur cet évènement.
« Une saison de machettes » tente de nous faire entrer dans l’esprit des ces hommes qui, armés de machettes, ont passé trois mois à couper des Tutsis dans les marais et sur les collines, du matin au soir, chaque jour, comme on se rend habituellement à son travail. Se retrouvant le soir en famille pour manger et boire, trier le butin de leurs pillages et prendre un peu de repos avant une nouvelle journée de labeur.
Ces hommes parlent ou se taisent, mentent parfois, se mentent souvent. La plupart d’entre eux ne pleurent pas tant sur les morts que sur ce qu’ils sont devenus, à quel point ils ont été transformés par un événement qui semble parfois, dans leurs propos, leur être tombé dessus à l’improviste, comme s’ils avaient attrapé une sale maladie dont il n’est pas facile de se remettre. Ils ont beaucoup de mal à admettre leur responsabilité personnelle. Et pourtant, obéir à un ordre inhumain, c’est beaucoup plus qu’une faiblesse, c’est faire de soi une ordure. Mais peu d’entre eux peuvent accepter cette réalité.