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Le caillou dans la chaussure

03 avril 2012

Si vous trouvez normal


Vous trouvez normal que certains gagnent en une année (et parfois en quelques mois) ce que d’autres ne peuvent même pas envisager de gagner pendant toute leur vie.
Vous trouvez normal que les entreprises et les individus les plus riches s’organisent pour se dispenser de payer des impôts grâce aux paradis fiscaux.
Vous trouvez normal que les grandes entreprises puissent bénéficier d’exonérations de cotisations sociales tout en licenciant du personnel pour faire plaisir à leurs actionnaires.
Vous trouvez normal que la plupart des grands journaux appartiennent à des marchands d’armes.
Vous trouvez normal que les remboursements de vos dépenses de santé diminuent régulièrement.
Vous trouvez normal que l’on repousse l’âge de votre départ à la retraite tout en diminuant le montant de la pension que vous toucherez (peut-être).
Vous trouvez normal que les OGM soient cultivés en pleins champs.
Vous trouvez normal qu’il y ait de moins en moins d’enseignants, de policiers, de personnels dans les hôpitaux et les services publics.
Vous trouvez normal que la Banque Centrale Européenne soit indépendante et n’ait pas de comptes à rendre devant le peuple.
Vous trouvez normal que cette même BCE prête à un taux infime aux banques afin qu’elles prêtent très chers aux Etats, aux entreprises et aux particuliers. Quand elles veulent bien le faire.
Vous trouvez normal que les banques puissent spéculer sans limites parce qu’elles savent que les Etats ne peuvent pas se permettre de les laisser tomber en cas de pépin.
Vous trouvez normal de devoir subir le joug du Traité de Lisbonne qui est une copie conforme du Traité pour une Constitution Européenne majoritairement rejeté par le peuple en 2005.

Si vous trouvez tout cela normal, choisissez entre des candidats qui vous ressemblent. Si vous trouvez tout cela normal, vous voterez pour Hollande ou pour Sarkozy.

Mais si comme moi, vous ne trouvez pas cela normal. Si comme moi, vous souhaitez que les politiques ne gouvernent pas contre le peuple. Si comme moi, vous souhaitez que le peuple ait son mot à dire dans la politique appliquée. Si comme moi, vous souhaitez que les choses changent vraiment alors lisez ceci) et peut-être que nous parviendrons enfin à peser de nouveau dans le débat public.

18 janvier 2012

Eric Toulis chante "La lucarne à blaireaux"




17 janvier 2012

La crise pour les nuls


Au départ, c’est la crise des subprimes. Les banques et les organismes de crédit ont déconné. Ils ont prêté à des gens dont ils savaient parfaitement qu’ils ne seraient pas solvables. Ils comptaient sur l’assurance qu’ils prenaient grâce à la titrisation qui permettait de découper les créances afin de disséminer le risque. C’était oublier que le principe d’une assurance c’est que les accidents doivent être exceptionnels pour que cela fonctionne. Tout le monde paie un peu, quelques-uns touchent beaucoup. Si personne ne peut échapper à un énorme carambolage, l’assurance ne peut être en mesure de payer beaucoup à tout le monde.
On aurait pu alors prendre le problème à la base. En effet, si les gens peuvent payer leur crédit, il n’y a pas de crise. On aurait donc pu choisir d’aider ceux qui étaient en difficulté pour rembourser leur emprunt. En y ajoutant l’interdiction des crédits hypothécaires, on peut penser que la crise naissante aurait été étouffée dans l’œuf, quand bien même cela aurait brutalement augmenté l’endettement des Etats-Unis.
Au lieu de cela, on a préféré laisser les pauvres sombrer et essayer d’aider les banques car elles se retrouvaient couvertes de créances pourries. Les Etats ne pouvaient pas laisser tomber les banques car ils n’auraient pas eu les moyens de garantir l’épargne des particuliers. Ils se sont donc endettés pour sauver les banques. Mais surtout sans jamais, ou presque, en prendre le contrôle. Intoxiqués par le dogme néolibéral, les dirigeants sont restés persuadés que l’Etat c’est forcément mal.
Les banques s’en sont sorties, tout en restant fragiles. Lorsqu’elles se sont rendues compte, avec leurs acolytes les hedge funds, que certains états n’avaient d’autre moyen de financer leurs emprunts que de les solliciter, elles se sont inquiétées. En effet, avec l’élévation du niveau d’endettement et l’interdiction de d’emprunter auprès de sa propre banque centrale, il devenait possible que des Etats fassent faillite et ne puissent honorer leurs dettes. Les marchés ont alors réalisé qu’une grande partie des créances sûres qu’ils détenaient devenaient de fait des créances pourries, elles aussi. Ils n’ont continué à prêter, et avec parcimonie, qu’à des taux de plus en plus élevés.
Nous en sommes là et l’issue est incertaine. En effet, il n’est pas possible pour un Etat de réduire sa dette quand il emprunte à un taux supérieur à son taux de croissance. Quand, en plus, les dirigeants politiques s’obstinent dans la voie de l’austérité qui ne peut que conduire à la récession, aucune chance d’améliorer la situation.
On pourrait penser naïvement qu’il suffirait à la banque centrale de pouvoir prêter à l’Etat pour que les marchés ne soient plus effrayés et que les taux d’emprunt redescendent. On pourrait penser naïvement que si les Etats avaient pris le contrôle de certaines banques en difficulté, ils pourraient les utiliser pour emprunter à faible taux auprès de la banque centrale. On pourrait moins naïvement penser que certaines dettes sont illégitimes, car elles n’ont pas été contractées pour le bénéfice du peuple, et ne doivent pas être remboursées.
On pourrait même penser que cette crise ressemble à coup d’Etat des marchés contre les démocraties. Qu’ils utilisent leurs bras armés (agences de notation, dirigeants des banques centrales indépendantes, dirigeants de l’UE non élus, etc.) pour soumettre les Etats à leurs préférences.
Mais c’est sans compter sur l’abjection dont est capable notre classe politique. A cet égard certaines citations sont révélatrices d’un état d’esprit largement répandu qui considère que le peuple n’est bon qu’à se soumettre, à courber l’échine et à faire où et quand on lui dit de faire. C’est la raison pour laquelle, nos dirigeants ont choisi de se servir de la crise comme d’un alibi pour appliquer avec plus de ferveur encore le programme néolibéral. Et s’il ne marche pas, ce que tout le monde peut constater tous les jours, c’est juste parce qu’on n’est pas allé assez loin. Il faut toujours pousser le bouchon plus loin.
Sarko en personne nous l’a expliqué à Amboise, deux jours après que la notation de la France ait été revue à la baisse par S&P : « Je leur dirai les décisions importantes qu'il nous faut prendre sans perdre de temps. […] Cette crise permettra de prendre des décisions rapidement parce que la situation l'impose, décisions que nous n'aurions pas pu prendre si nous n'étions pas face à ces responsabilités telles que nous les connaissons aujourd'hui. »
Dégoulinant de cynisme, il n’avance même plus masqué. Et loin de se plaindre, il reconnaît ainsi que la crise en général, et cette décision de S&P en particulier, constitue une véritable opportunité de continuer à démanteler l’Etat social en assénant qu’il n’y a bien sûr par d’autres voies possibles, des voies qu’on ne peut de toute façon pas voir en fermant délibérément les yeux, et en évitant toute forme de rébellion de la part d’un peuple déjà tellement résigné.
Pour Sarko, la crise c’est chouette, on peut tondre les moutons en leur faisant croire que c'est pour leur bien et qu’il n’y a pas d’autre voie possible. Et la dégradation de la note de la France, c’est en quelque sorte la cerise sur le gâteau.

03 juin 2010

L'étonnant parallèle

L’étonnant parallèle

C’est celui qui peut être fait
Lorsqu’on observe comment
Se comportent nos dirigeants
Au regard des difficultés

Et de tout l’emmouscaillement
Que cause l’épais aveuglement

Qui inspire les faits et gestes
Des séides de la libre finance
Avec toute leur persévérance
Vers un bel horizon funeste,

Et des grands manitous sionistes
Dans leur folie expansionniste.

Le choix des uns de s’agiter,
De gesticuler en tous sens,
De brasser l’air, de faire du vent,
Pour n’avoir pas à s’activer,

Tout cela n’a pour seul effet
Que, les autres, de conforter

Dans leur attitude furieuse
De prédateurs obsessionnels
Crispés sur un monde idéel
Qui hante leur âme tortueuse.

Ils n’oublient pas leur trajectoire,
En silence ils serrent les mâchoires

Et savent laisser passer l’orage
Pendant qu’ils feignent d’ignorer
Qu’il n’y aura pas le moindre effet
A l’issue du remue-ménage.

Il n’y a rien qui les effraie
Ni des coquins les cris d’orfraie,

Les pantomimes offusquées
Par les excès les plus criants.
Ils sont nombreux qui font semblant
De s’indigner, se révolter,

Mais c’est pour mieux dissimuler
Leurs accointances alambiquées.

Tous sauront leur calme garder,
Se faire discrets sous les zéphyrs.
Ils n’ont même pas besoin de fuir
Pour éviter d’être décoiffés.

Ils se sont abusés tout seuls
Et vont s’en prendre plein la gueule.

C’est trop tard pour prendre conscience,
Cesser de se voir en faucon,
Pour échapper au piège abscons
Qui causera leur déchéance.

03 février 2010

Un fait divers, pas encore de loi, mais où est le gouvernement ?

Déjà plusieurs jours sont passés et toujours aucune réaction du gouvernement. Mais qu’attendent-ils donc ?
On commençait pourtant à s’habituer au principe : un fait divers, une loi. Comment, dès lors, expliquer l’indifférence des pouvoirs publics à la suite de ce drame ? Sans doute sont-ils trop occupés à plancher sur le sujet pour s’exprimer dans les médias, en dépit de leurs habitudes. Mais craignez leur déchaînement à venir ! Ils ne laisseront rien passer ! Nulle pitié pour ce véritable démon qui a emporté avec lui une très innocente victime dans sa folie destructrice !
Leur réaction sera terrible. D’autant que l’homme était connu des services de police et faisait l’objet d’un suivi psychiatrique. Nous ne pouvons tolérer plus longtemps ce laxisme qui a permis à un fou dangereux et violent d’arracher à la vie un futur père de famille. Plus jamais ça.
Il est urgent de changer la loi afin d’éviter que ce type de drame se reproduise. Mon petit doigt me dit que plusieurs pistes sont envisagées parmi lesquelles un plan vigi-suicide, l’interdiction d’accès aux gares et aux trains pour toute personne ayant déjà fait une tentative de suicide, l’obligation de porter un tee-shirt « individu dangereux – ne pas s’approcher » pour toute personne connue des services de police, le port d’un bracelet électronique à auto-taser intégré pour les malades psychiatriques et des peines de prison aggravées pour les suicidaires meurtriers.
Mesdames et Messieurs du gouvernement, n’attendez pas que nous nous retrouvions face à une nouvelle tragédie.

31 janvier 2010

Recyclage de mauvaises recettes

Depuis de nombreuses années, le FMI et la Banque mondiale aident les pays du tiers monde endettés. Enfin, « aident », c’est un bien trop joli mot pour une si vilaine action. On devrait plutôt dire « soumettent ». Car certes, ils leur accordent des prêts. Ceci afin de leur permettre de faire face à l’explosion de leurs dettes dont ils ne sont même pas en mesure de faire face aux échéances des intérêts. Pourtant la plupart de ces dettes sont iniques puisque bien souvent contractées par des gouvernements illégitimes et parfois au seul bénéfice des élites locales, voire même des seuls tenants du pouvoir, et des banques occidentales.
Or donc, le FMI et la Banque mondiale prêtent. Mais à quel prix ! Non seulement de nouveaux intérêts qui viennent s’ajouter aux précédents et qui donc ne seront jamais remboursés mais permettront de tenir ces pays par la peau du cul pour les 10 puissance 100.000 futures générations jusqu’à ce qu’elles ne se décident à la révolte et à l’arrêt de toute forme de remboursement, mais aussi et surtout au prix de restructurations immédiatement et impitoyablement brutales avec les populations : réduction du nombre des fonctionnaires, destruction des services publics, ouverture féroce à la concurrence, etc. Toutes choses qui brisent le tissu social et ignorent les besoins des gens ordinaires mais qui permettent aux pays occidentaux de continuer à tirer le meilleur parti des richesses naturelles et de profiter de marchés ouverts en rentables pour nos grandes multinationales.
Or il se trouve que chez nous, en occident, certains pays sont en difficulté. L’exemple le plus significatif est la Grèce. D’autant qu’elle fait partie de la zone euro et pourrait mettre en situation compliquée ses voisins. Les autres pays de l’UE ont donc décidé de lui venir en aide en lui appliquant les excellentes recettes du tiers monde. Un plan de secours est en cours de négociation. Nous allons sauver la Grèce. Certes on va lui demander quelques petits sacrifices. Mais c’est pour la bonne cause ! Le gouvernement grec a déjà préparé un plan d’austérité, dont on ne peut douter que les plus pauvres seront ceux qui vont en souffrir le plus, mais la Commission européenne pose elle aussi ses conditions : réduction des salaires dans la fonction publique et plafonnement des retraites. Pour commencer.
C’est ainsi, à cause de la crise financière et de ses répercussions, que certains pays dits riches risquent bien de se voir imposer des contraintes, comme ceux à qui ils en imposaient auparavant, qui, chez eux comme ailleurs, frapperont les plus démunis. Encore une fois, les puissants profitent des faiblesses des autres pour briser les quelques résistances qui subsistent encore tant bien que mal. La crise est surtout, pour eux, une bonne occasion de faire passer la pilule souvent amère de la doxa du libéralisme.

23 janvier 2010

Pourquoi cette compassion sélective ?

Je ressens toujours un peu d’écœurement devant la débauche de bons sentiments qui ressurgit régulièrement lors de chaque grande catastrophe naturelle comme le tremblement de terre en Haïti ou le raz-de-marée en Asie.
Pourtant tous ceux qui ont le cœur sur la main et n’hésitent pas à venir en aide aux victimes font indéniablement preuve de générosité. Mais ce que je parviens pas à comprendre, c’est pourquoi les victimes d’autres catastrophes moins naturelles mais tout aussi violentes n’incitent pas à la même compassion. Comment se fait-il que nous en fassions si peu pour venir en aide aux Palestiniens de Gaza dont les habitations sont bombardées [1], aux déplacés du Darfour, aux indépendantistes du Timor ou aux Rwandais découpés à la machette par leurs compatriotes ? Y aurait-il des victimes plus méritantes que d’autres ? Ou plus innocentes ? L’identification est-elle plus facile avec les victimes des catastrophes naturelles ? Ou bien les victimes des actions humaines sont-elles politiquement coupables de ce qu’elles subissent ?
Je n’ai pas de réponse définitive, juste des pistes de réflexion. Mais il est fort paradoxal que nous en fassions si peu pour les catastrophes causées par les hommes alors que c’est contre elle que nous serions en mesure d’agir avec le plus d’efficacité.
J’ai bien du mal à comprendre les raisons qui nous conduisent à trier les bonnes et les mauvaises victimes mais ce sont pourtant pour ces raisons-là qu’une fois le tremblement de terre oublié [2], Haïti pourra continuer de tenter de subsister dans la misère et sa population risque bien de n’avoir pas fini de se nourrir de galettes d’argile.


Notes
[1] Rappelons qu’un tiers des victimes de l’opération Plomb durci étaient des enfants.
[2] Cela prendra quelques semaines tout au plus, peut-être quelques mois.