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Le caillou dans la chaussure

10 octobre 2008

Quand les libéraux vous expliquent la crise

On pensait qu’ils étaient planqués, loin des médias. On pensait que la crise financière, le feu nourri sur la dérégulation et l’ultranéotroppolibéralisme. On pensait ne pas les entendre de sitôt.
Mais on se trompait.
Reconnaissons leur du courage. Voyez Alain Madelin, chantre du libéralisme en France, dans l’émission « Mots Croisés » d’Yves Calvi. Il ne manque pas de courage. Ni d’aplomb.
M. Madelin vient nous expliquer que la crise financière actuelle est en premier lieu due à l’action publique. Et à double titre selon lui.
En premier lieu, tout est né de la crise du subprime aux Etats-Unis où la puissance publique a forcé (c'est son mot à lui) les banques à prêter à des cons de pauvres (NINJA) afin de leur permettre d’accéder au rêve américain sur la seule valeur estimée de leur bien immobilier pas encore payé. Que les banques aient été incitées à se conduire ainsi, c’est possible. Que des organismes (à l’origine publics) comme Freddy Mac et Fanny Mae aient cautionné ces comportements, c’est possible. Mais enfin, à qui fera-t-on croire qu’une banque qui pense perdre de l'argent dans une action va la mener ? Pas à moi en tout cas. Si les banquiers ont accepté d'offrir ces prêts à des gens qui n’étaient pas (ou peu) solvables, c'est uniquement parce qu'ils ont vu là une excellente opportunité de faire un max de blé. Et comme en plus, ils n'étaient pas seuls à courir les risques qu'ils diffusaient à travers leurs titres toxiques, ils s'y sont adonnés dans la joie et la bonne humeur. Et certainement pas par altruisme.
En second lieu (toujours d’après le sieur Madelin), les pouvoirs publics sont coupables de n’être pas intervenus rapidement et massivement quand la crise des subprime s’est déclarée. Ils devaient assurer leur rôle de pompier mais ils l’ont négligé et elle s’est propagée à tout le système financier dont les hedge funds, qui sont les organismes les moins régulés et les moins contrôlés, sont ceux qui s'en sont le mieux sortis. Pour attendre de voir comment ils s’en sortent, on attendra la fin de la tempête. Car une chose est sûre, c'est que les organismes les plus contrôlés sont naturellement ceux dont les difficultés apparaissent en premier. De plus, il faut quand même un culot extraordinaire pour se prétendre libéral et se plaindre qu’à la première petite crise venue (du subprime ou autre), les pouvoirs publics n'interviennent pas assez.
Tout cela pour conclure à demi-mots qu’avec un peu moins de réglementation, cette crise aurait sans doute pu être évitée. Un libéral, même acculé, reste dogmatique et incurable comme… un libéral.
Salauds de pauvres qui rêvaient d’être riches !