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Le caillou dans la chaussure

25 janvier 2006

Tous précaires

Le pouvoir, en dépit de son manque de légitimité (résultats des votes), maintient la pression et fait preuve d’une détermination sans faille dans l’application de son programme. Pas celui pour lequel il a fait campagne, mais celui qu’on ne dit pas, il ne vaut mieux pas, ça pourrait fâcher. Celui pour lequel le Medef et les lobbies industriels ne manquent pas de faire pression, se sachant entendus et écoutés par des oreilles attentives. Mais il fait preuve d’intelligence et de finesse. D’abord, on ne démantèle pas le code du travail (malgré les exhortations), ça se verrait. On préfère ajouter des dérogations plutôt que supprimer des règles. Il est clair que cela complique mais, en même temps, puisque c’est moins lisible, c’est moins facilement contestable. Et surtout, cela permet de ne jamais mettre tous le monde dans le même sac. Ainsi après le CNE pour les employés des entreprises où les syndicats n’ont jamais mis les pieds, c’est maintenant le CPE pour les nouveaux entrants sur le marché du travail, histoire qu’ils prennent le pli d’entrée. Et en cas de risque de protestation, on accélère encore le rythme afin de prendre tout le monde de cours. Ensuite ce sera quoi ? Le Contrat Dernière Embauche, avant la retraite ? Le Contrat Légère Embauche, pour les temps partiels ? On travaille par catégorie et si possible en les dressant les unes contre les autres. Ainsi chacun a une bonne raison de penser y avoir échappé. Mais ce n’est que partie remise. Nul doute que dans quelques années le CDI aura disparu de notre espace salarial. Et plus nous serons devenus fragiles, plus l’instabilité aura de facilité pour gagner du terrain sous nos pas hésitants. Chaque capitulation nous désarme un peu plus. Quoiqu’en disent certains la précarité n’est pas naturelle, toutefois elle est extensible. L’épidémie se propage plus vite que la grippe aviaire. La pandémie nous guette.

7 commentaires :

  • Le Contrat Première Embauche : un contrat contre la précarité


    Un chiffre résume la situation : 23% des jeunes de moins de 26 ans sont au chômage. Pour les non diplômés, il grimpe à 40%. Cette situation n’est pas satisfaisante.

    La précarité, c’est aujourd’hui que les jeunes la vivent : alternant stages, CDD ou périodes de chômage, un jeune met en moyenne 8 à 11 ans avant de trouver un emploi stable. Quant à ceux qui trouvent un emploi, 78% d’entre eux sont embauchés en CDD dont plus de la moitié ne dépasse pas un mois.

    Il est temps de briser cette spirale ; tout n’a pas été tenté pour lutter contre le chômage.

    Hier, la gauche plurielle proposait des « emplois-jeunes », limités dans le temps, subventionnés massivement par l’Etat, tournés quasi exclusivement vers la fonction publique et para-publique, et sans droit au chômage.

    Avec le CPE, le Gouvernement propose au contraire un véritable CDI, avec un vrai salaire, soumis au droit commun du travail. Contrairement aux mensonges colportés ici et là, le CPE ne peut se terminer du jour au lendemain, puisqu’il s’accompagne d’un préavis qui s’allonge progressivement dans le temps.

    Le CPE s’accompagne de garanties sociales : une véritable formation dans une entreprise ; un accès au crédit, puisque la Fédération française bancaire vient de confirmer qu’elle considèrerait le CPE comme n’importe quel CDI ; un accès au logement, grâce au dispositif Locapass.

    Avec le CPE, il est temps de donner aujourd’hui à nos jeunes une chance de trouver plus facilement un emploi : c’est par l’emploi qu’on lutte contre la précarité.

    Par Anonymous Anonyme9/2/06 22:23  

  • Vincent,
    Vous défendez le CPE et c'est votre droit. Je pourrais toutefois vous opposer bien des arguments mais M. Filoche le fait mieux que moi.
    Il est vrai que face à la situation difficile de nombreuses personnes, le gouvernement a choisi d'agir. Ce qui, en théorie, vaut mieux que de rester passif. Je dis, en théorie, car je ne crois pas qu'ajouter de la précarité soit un bon remède. Il est possible que ce type de contrat (CPE, CNE, etc.) permette des créations d'emplois. Mais cela ne solutionnera jamais le problème du chômage sur lequel il ne peut agir qu'à la marge. Et le prix à payer est, non seulement, une instabilité réelle pour ceux qui accèderont à l'emploi mais aussi une pression accrue pour tous ceux qui sont déjà salariés. Pression dont la diminution s'éloigne encore lorsque l'on entend M. de Villepin nous parler de son projet de contrat unique. D'ailleurs, je suis persuadé que réduire fortement le chômage n'est pas un objectif du gouvernement car cela irait à l'encontre des intérêts des employeurs. Par contre, le démantèlement progressif du code du travail me paraît être un objectif bien plus vraisemblable même si bien moins avouable.
    Mais je suis d'accord avec vous pour dire que la précarité est déjà bien présente. Ceci dit elle n'est nullement réservée aux jeunes et est loin d'être en régression. Et si elle s'étend, c'est bien sous l'action du gouvernement qui considère que la soumission à l'idéologie libérale est le seul avenir possible de l'humanité.
    Pour ma part, je suis convaincu qu'il y a d'autres voies possibles. Si vous désirez en tenter l'exploration, je vous recommande la lecture de certains auteurs comme Cornélius Castoriadis, Ivan Illitch, Majid Ranhema, Bertrand Louart, Serge Latouche, Jean Zin, Jean-Claude Michéa et bien d'autres.

    Par Blogger sol10/2/06 09:50  

  • Mon lien sur l'intérêt des employeurs est erroné. Le voici corrigé : http://www.chomage-et-monnaie.org/Documents_html/Nairu.html

    Par Blogger sol10/2/06 09:52  

  • bb, je vais de te donner un élément qui, j'espère, va te pousser à admettre qu'il va falloir examiner le CPE à l'usage.

    Tu connais le ''grand frère'' du CPE, à savoir le CNE. En 10 mois, 280 000 CNE ont été signés. Des analystes estiment que 29% de ces emplois n'auraient pas été créés sans le CNE.

    La question : donner du travail à 81 200 personnes (29% de 280 000) justifie-t-il d'en contraindre 198 800 autres à entrer eux aussi dans le cadre du CNE ?

    A mon humble avis, oui, parce qu'il faut tenir compte du fait que :

    1/ sur ces 198 800, seule une minorité aurait eu droit à un CDI, la plupart à des CDD à répétion, et que le CPE me semble préférable à l'intérim ou aux CDD à répétion ;

    2/ je trouve socialement préférable que chacun accepte un peu plus de souplesse si ça permet à davantage de personne d'avoir du travail. Je préfère l'instabilité dans le travail que la stabilité dans le chômage (c'est une formule, mais elle n'est pas creuse).

    Voilà. J'espère que le CPE va permettre lui aussi de lutter contre le chômage, en ciblant précisément l'emploi des jeunes. J'ai 26 ans, j'ai connu les périodes de stage à rallonge, j'aurai bien aimé que le CPE existe depuis plus longtemps.

    J'ai lu Castoriadis, j'ai lu Filoche (pas du tout pertinent celui-là AMHA), et bien d'autres encore. Je veux tenter le coup avec le CPE.

    Par Anonymous Anonyme10/2/06 14:37  

  • Vincent,
    C'est bien. Tu veux le CPE et tu vas l'avoir. Profites-en.
    Tes chiffres sur le CNE sont ceux de certains économistes, pas de tous. Et tout le monde sait bien combien les estimations peuvent être contradictoires.
    Je reste persuadé qu'un patron embauche quand il a besoin d'un employé. Le type de contrat me semble secondaire.
    De toute façon, mon propos n'est pas tant sur le CPE en lui-même mais mon billet parle plutôt de la généralisation de la précarité et de la soumission aux intérêts des patrons ou des actionnaires.
    Et le plus triste est bien que l'on n'estime que c'est la seule voie possible alors qu'elle nous conduit droit dans un mur.

    Par Blogger sol10/2/06 14:52  

  • Je suis entièrement en accord avec ta réflexion cependant je ne peux m’empêcher d’apporter mon analyse personnelle :

    - En quoi le CNE et le CPE résoudra le vrai problème de fond qui est la concurrence forte que fait subir la chine et demain l’inde à l’Europe ? La solution est-elle dans plus de flexibilité, plus de précarité ? Je croyais que les politiques avaient pour objectif de préparer nos enfants aux métiers de demain. Il faut bien se rendre à l’évidence, nos énarques ont plus de facilités pour nous montrer la voie de la résignation plutôt que la voie de l’avenir.

    - Pourquoi « pratiquement » aucun syndicat d’étudiant n’a manifesté quand le gouvernement a mis en place le CNE ?
    Analysons la différence entre le CNE et le CPE. Le CNE concerne l’emploi d’une personne quel que soit son age dans une entreprise de -20 salariés, alors que le CPE concerne l’emploi d’une personne de - 26ans dans une PME de + 20 salariés. Tout le problème est dans cette différence. En effet les étudiants type Bac+2 et autres trouvent leur vivier d’emploi dans les PME, mais que fait on de nos jeunes peu diplômés qui trouvent leur emploi dans les petites structures ? Pourquoi les étudiants et les salariés ne sont pas sortis dans la rue pour défendre ces personnes ?
    Je pense que les étudiants et les salariés (il ne faut pas les oublier) ont laissé une brèche s’ouvrir.

    Je ne peux m’empêcher de citer ces quelques mots d’ Antoine de Saint-Exupéry et je les dédicace à M. Les Gouverneurs. : « Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore. Personne ne vous a apprivoisées et vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard […]". La seule différence que je peux avoir avec l'auteur c'est que vous ne serez jamais mes amis Messieurs les renards.

    Par Anonymous Anonyme15/3/06 16:01  

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    Par Anonymous Anonyme15/3/06 16:10  

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