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Le caillou dans la chaussure

18 septembre 2006

Un monde binaire et sans nuances


Nul ne niera qu’il est éminemment difficile d’éradiquer (ou même seulement de contenir) le terrorisme, phénomène diffus et aléatoire s’il en est. Afin de tenter de limiter les chances d’être pris pour cible par des fanatiques ou des illuminés qui considèrent trop souvent comme également coupables la plupart de ceux qui ne partagent pas la virulence de leurs convictions et estiment que la fin justifie les moyens, certains, tels d’obstinés Sisyphe, s’escriment à élaborer des méthodes dont la mise en œuvre aléatoire et l’issue aussi fragile qu’incertaine ne semblent pourtant jamais les décourager. Bercés d’illusions, ils s’imaginent que la construction et l’entretien de liens (tels que les relations diplomatiques), la réduction des antagonismes et l’effacement des lignes de fractures dans la prise en compte des manières de penser des autres, peuvent aider à rétablir une certaine cordialité et un respect certain entre les peuples et entre les cultures.
Mais cela, c’était avant. Et maintenant nous sommes après. Et chacun sait bien quand nous sommes passés de avant à après, c’est le 11 septembre 2001. Et si nous savons aujourd’hui tous que le monde a changé, c’est grâce à la réaction épidermique du preux chevalier qui a pris opportunément la tête de la vengeresse croisade. Il ne s’est pas laissé abuser par les sempiternelles inepties des idéalistes rêveurs et des droits-de-l’hommistes. Nous avons tous écouté son discours simple pour esprits simples et ça nous a remué dans la colonne vertébrale. Nous avons préféré oublier que nous avions un cerveau afin de ne pas nous laisser influencer par des fadaises, mais lorsqu’un frisson a parcouru notre moelle épinière, c’est tout naturellement que nous avons réagi avec fierté et fermeté. Le monde, auparavant tellement immense, complexe et obscur, nous est enfin apparu dans sa limpide et lumineuse simplicité, un monde à notre dimension d’êtres humains simples et sans prétentions, un monde si facile à lire, où les seules valeurs possibles sont le zéro et le un, où les seules couleurs possibles sont le blanc et le noir, où l’on sait clairement ou est le bien et ou est le mal, où l’on ne peut être qu’avec nous ou contre nous. C’était si rassurant de retrouver le monde des westerns de notre enfance, peuplés de gentils très gentils et de méchants très méchants. Et même si des esprits chagrins essaient encore de saisir le monde dans toute sa complexité et dans la multitude de ses dimensions, même s’ils nous accusent de participer de la réduction des esprits et de la recrudescence du terrorisme, nous ne nous laissons plus abuser. Ni nous, ni ceux qui sont contre nous et qui partagent notre vision du monde. Il ne fait plus de doute dorénavant que nous vivons tous dans le même monde binaire et sans nuances.

1 commentaires :

  • "Pour marcher au pas ces gens n'ont pas besoin d'un cerveau, une moelle épinière leur suffirait."


    (Albert Einstein, de mémoire)

    Par Anonymous Anonyme9/10/07 19:53  

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