Libération fâché avec les chiffres
Dans le titre de son article, Fabrice Tassel, dans Libération, se trompe énormément. Il nous annonce, en effet, qu’ « un salarié sur dix a recours aux associations » pour se nourrir. Or l’enquête du CSA sur laquelle il s ‘appuie dit tout autre chose. On peut en effet y lire en page 28 (tout comme dans le contenu de l’article) que, parmi les personnes qui font appel à l’aide alimentaire, une sur dix est salariée. Cela n’a rien à voir.
L’INSEE chiffre à environ 22,5 millions le nombre de salariés en France métropolitaine. L’enquête du CSA ne permet pas de chiffrer le nombre de personnes ayant recours à l’aide alimentaire avec précision mais nous indique qu’elle se base sur le travail de 4112 associations qui aident, en moyenne, 138 personnes par mois. Ce qui signifie que ce nombre serait entre 567.456 personnes par an, si les mêmes personnes reviennent chaque mois, et 6.809.472 personnes, si elles sont différentes chaque mois. Même en prenant l’hypothèse haute (qui est très improbable), une personne sur dix, cela nous donnerait 680.947 salariés concernés par l’aide alimentaire. Alors que le journal nous annonce qu’un salarié sur dix, soient 2.250.000 personnes sont aidées.
Le raccourci, à la recherche évidente de sensationnalisme, se retourne contre son auteur. Toutefois n’accablons pas Fabrice Tassel, car l’erreur n’apparaît pas dans le contenu de l’article mais uniquement dans son titre et son chapeau, dont rien n’indique qu’il en soit l’auteur. Mais le journal commet une erreur grossière et c’est avec impatience que l’on attend la publication d’un rectificatif.
L’INSEE chiffre à environ 22,5 millions le nombre de salariés en France métropolitaine. L’enquête du CSA ne permet pas de chiffrer le nombre de personnes ayant recours à l’aide alimentaire avec précision mais nous indique qu’elle se base sur le travail de 4112 associations qui aident, en moyenne, 138 personnes par mois. Ce qui signifie que ce nombre serait entre 567.456 personnes par an, si les mêmes personnes reviennent chaque mois, et 6.809.472 personnes, si elles sont différentes chaque mois. Même en prenant l’hypothèse haute (qui est très improbable), une personne sur dix, cela nous donnerait 680.947 salariés concernés par l’aide alimentaire. Alors que le journal nous annonce qu’un salarié sur dix, soient 2.250.000 personnes sont aidées.
Le raccourci, à la recherche évidente de sensationnalisme, se retourne contre son auteur. Toutefois n’accablons pas Fabrice Tassel, car l’erreur n’apparaît pas dans le contenu de l’article mais uniquement dans son titre et son chapeau, dont rien n’indique qu’il en soit l’auteur. Mais le journal commet une erreur grossière et c’est avec impatience que l’on attend la publication d’un rectificatif.
11 commentaires :
Alors il faut espérer que c'est en effet une erreur et non une grossière manipulation que l'onreverra dans la bouche de tous nos chers hommes politiques (non je ne parle pas de fraisier) à l'image du superbe "un jeune sur 4 est au chômage"...
Merci pour la précision.
Par coco_des_bois,à 19/6/06 13:31
Libé vous a entendu et vient de changer son titre, tout au moins sur le net, mais ce n'est pas mieux :
"Pour manger, 16% des retraités ont recours aux associations."
Libé répète la même erreur car dans l'article, on apprend que ce sont 16 % des personnes ayant recours aux associations qui sont des retraités.
Errare humanum est, perseverare diabolicum !
Par Anonyme,à 19/6/06 14:07
Précisons qu'à Libération, l'auteur d'un article n'écrit ni le titre ni le chapeau. Ce sont des éditeurs qui s'en chargent.
Cette démarche part du principe qu'un journaliste n'est pas toujours le mieux placé pour décider du meilleur titre pour un article qu'il vient d'écrire. On ne peut donc pas incriminer Fabrice Tassel.
On peut même supposer qu'il a été s'expliquer avec l'éditeur concerné quand il a découvert, une fois publiés, le titre et le chapeau qui accompagnaient son article.
L'éditeur a sans doute fait une erreur. C'est plus probable qu'une volonté de faire du sensationnel.
Pour tout dire, éditeur est un métier assez compliqué et on est jamais à l'abri de mal comprendre un article quand on en traite plusieurs dizaines par jour.
Par Anonyme,à 19/6/06 14:13
@ Damien :
Moi, je veux bien que l'éditeur puisse se tromper. Mais comme meteor nous l'a fait remarquer, le titre a été corrigé et l'erreur est demeurée. Dans ce cas, j'ai un peu l'impression qu'il fait exprès.
Par sol,à 19/6/06 14:20
@bb :
Difficile à dire. En fait, c'est typiquement le genre d'article compliqué à titrer parce qu'il faudrait pouvoir être nuancé, or une des contraintes du titrage,c'est que le nombre de caractères qu'on peut utiliser est limité.
Ajoutons à cela que le papier est peut-être arrivé quelques minutes avant le bouclage, que l'éditeur n' pas eu le temps de le travailler autant qu'il aurait voulu...
Je ne cherche pas à défendre le journal. Simplement, c'est trop facile de crier à la manipulation ou au sensationnalisme sans tenir compte des contraintes liées à la fabrication d'un journal. Dans ce cas précis, je serais curieux de savoir comment on en est arrivé là.
Par Anonyme,à 19/6/06 14:41
Ouais, bon, pour info je l'avais quand même signalé par mail à Libé dès samedi matin... et rien n'a changé de tout le WE, alors que le site avait pourtant été édité plusieurs fois (aucune réponse à mon mail non plus, bien sûr). Donc, l'urgence du bouclage, je veux bien, mais... D'autant que la notion de bouclage n'a pas de sens à propos d'une publication électronique, pas plus que le nombre de caractères utilisables.
On peut certes dire que ce n'est là que de la pure négligence, mais on ne peut nier qu'il y avait chez le titreur une volonté de faire du sensationnel qui l'a emporté sur le souci de la rigueur, et que c'est assez révélateur.
Par Anonyme,à 19/6/06 15:18
Là encore, il faut savoir que l'édition web de beaucoup de journaux est une reprise automatique de l'édition papier.
Valider un article pour l'édition papier, le valide également pour le web.
Pas étonnant que personne n'ait réagi samedi à votre mail dès samedi puisque Libé ne paraît pas le dimanche. il ne devait pas y avoir beaucoup de monde à la rédaction ce jour-là.
Par contre, oui, l'éditeur a manqué de rigueur. La question est de savoir quelles en sont les raisons.
Par Anonyme,à 19/6/06 15:27
Le titre est à nouveau changé. Maintenant, nous avons: «Pour manger, de plus en plus de personnes ont recours aux associations».
Je ne comprends pas très bien qu'on attribue l'erreur aux «contraintes de fabrication d'un journal». Ce n'est pas seulement une question de nuance: dans un cas on est dans l'ordre de grandeur du million, dans l'autre de la centaine de milliers. Ce serait comme écrire que telle ville est à 1'000Km d'une autre alors qu'elles sont distantes de 100Km. C'est une erreur qui saute aux yeux. Me semble-t-il.
Par Anonyme,à 19/6/06 16:26
Si le journal utilise l'excuse des contraintes de publication, il faudrait alors qu'il spécifie en première page :
"Pour garantir la fraicheur de nos informations, nous ne sommes pas en mesure d'en garantir l'exactitude. Veuillez nous en excuser."
Ce serait plus honête.
Par Anonyme,à 19/6/06 18:36
J'avais signalé l'erreur à rezo.net, qui reprenait le titre hier (je pensais que l'erreur venait de rezo.net, mais en fait ils n'avaient fait que reprendre le titre de libé sans vérifier).
rezo.net, du coup, semble avoir supprimé le lien...
Par Anonyme,à 20/6/06 11:52
tutututt
Le lien est toujours rezo.net !(20 juin 0§ à 23h15.
Par Anonyme,à 20/6/06 23:23
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