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Le caillou dans la chaussure

05 septembre 2005

Lettre de l’Union Nationale des Salariés et des Chômeurs au Medef

En réponse à un entretien avec Laurence Parisot paru dans le Figaro du 30 août 2005 [1], voici la lettre de l’UNSC.

LA MINORITE ECLAIREE CONDUIRA LE MONDE.

« Tout le monde le sait – l’OCDE, les économistes, les politiques -, c’est pas davantage de fluidité sur le marché du travail que l’on parviendra à réduire le chômage. » [1]
Il est évidemment très dommage que tous n’en soient pas encore convaincus mais nous comptons fermement sur le surplus « … [d’] explication et [de] pédagogie nécessaires » [1] pour améliorer les choses. Certains ne comprennent que difficilement, même les choses les plus simples, même quand c’est pour leur bien, mais nous nous proposons d’unir nos efforts aux vôtres afin d’éclairer les consciences.

LES SYNDICATS SONT DES TIGRES DE PAPIER.

« … beaucoup de chefs d’entreprise que j’ai rencontrés sont très intéressés par ce dispositif. [en parlant du CNE] » [1]
Il est clair pour tout le monde que la plupart d’entre eux auraient embauché du personnel depuis longtemps s’ils ne s’étaient trouvé devant le risque de voir leurs employés, toujours plus arrogants et revendicatifs (protégés qu’ils sont par un code du travail leur octroyant des droits faramineux), prendre peu à peu le contrôle de leur entreprise et s’enorgueillir d’un pouvoir toujours plus exorbitant. Heureusement, cette nouvelle période d’essai étendue remettra un peu d’ordre dans les choses en incitant les salariés à rester à leur place et à suivre au plus près les directives reçues. Ainsi les entreprises gagneront en efficacité, d’autant plus que les syndicats se verront dans l’obligation de mettre en sourdine leurs réclamations et d’essayer d’avoir une attitude enfin constructive en cessant de ne prendre en compte systématiquement que le point de vue des employés, sous peine de disparition à petit feu. Personne ne peut plus ignorer la nécessité de se relever les manches et de plonger ses mains dans boue lorsque l’urgence de la situation l’impose. Chacun devra balayer devant sa porte. S’ils veulent vraiment trouver du travail les chômeurs devront faire fondre leurs prétentions afin de passer par le goulot de l’embauche sans s’étrangler. C’est sans doute un peu cela aussi que l’on appelle la fluidité du marché du travail. A défaut de pouvoir dissoudre les chômeurs, au moins pouvons-nous essayer de les diluer dans la marée des travailleurs soumis et efficaces.

LA PRECARITE EST DANS LA NATURE DES CHOSES.

Lorsque le journaliste lui expose que le CNE est vécu comme apportant davantage de précarité, Laurence Parisot s’insurge : « Mais c’est une illusion ! La vie, la santé, l ‘amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » [1]
C’est pourtant d’une limpidité frappante [2]. L’homme, drapé dans son imperfection, cherche à corriger la nature mais ne parvient qu’à empirer les choses. D’ailleurs, c’est avec une grande impatience que nous attendons les propositions du Medef sur l’extension des lois naturelles à d’autres domaines, tels que, (pourquoi pas ? soyons courageux !) la santé. Personne ne peut nier que les cotisations de sécurité sociale pèsent de façon dramatique sur l’emploi sans pourtant ne jamais parvenir à résoudre les problèmes. Sur ce sujet, comme sur bien d’autres, la loi naturelle de la précarité ne pourra qu’améliorer les choses et réparer les dégâts commis par l’homme.

TROP DE SOUFFRANCES INUTILES.

Nous aurions tord de croire que nous sommes protégés par « toutes les dispositions actuelles du code du travail » [1]. Il est incontestable que « Quand une entreprise est obligée de licencier, elle le fait, tôt ou tard. […] Le code actuel ne fait qu’ajouter des délais, une souffrance et des coûts dont on pourrait se passer. » [1] Evidemment, nous nous sommes tous déjà mis à la place d’un chef d’entreprise qui est face à face avec son employé, qui doit lui annoncer la mauvaise nouvelle d’un licenciement et qui, de plus, se trouve dans l’obligation de se justifier [3]. Nous ne pouvons que compatir devant le traumatisme qu’il subit et imaginer les douloureuses conséquences que ne manqueront pas de générer les inévitables stress et angoisse. Rien ne peut nécessiter d’infliger ces souffrances totalement superflues. Il est aussi d’une claire évidence que si les délais de licenciement étaient réduits, les néo-chômeurs disposeraient de plus de temps, de force et d’énergie en se présentant sur le marché du travail plus tôt, plus frais et plus dynamiques.

GAGNANT-GAGNANT.

« Le gouvernement pourrait aussi faire savoir que quand les entreprises gagnent, tout le monde gagne. » [1] Evidemment, certains gagnent plus que d’autres, mais quoi de plus normal. Comment pourrait-on en effet comparer le travail d’un ouvrier, si qualifié soit-il, avec les responsabilités d’un directeur, d’un chef d’entreprise ou d’une capitaine d’industrie. Les arguments concernant la pénibilité de certaines tâches, voire même les maladies et les accidents causés par certains travaux ou par des conditions extrêmes ont fait long feu. Nous ne sommes plus au dix-neuvième siècle, enfin ! Toute la modernité du vingt-et-unième siècle nous tend les bras et nous donne la main. Alors si parfois quelques centaines de personnes sont licenciées pour convenance boursière (comme on dit), c’est-à-dire pour un profit plus grand des actionnaires (après tout ce sont quand même eux qui assument les risques), il faut savoir en tirer le meilleur parti et comprendre qu’il s’agit là pour eux d’une opportunité inespérée de relance de carrière, avant que leur secteur d’activité ne soit véritablement en crise.

LE POUVOIR EST AU BOUT DU PROFIT.

Ainsi donc, nous voulons faire savoir que nous sommes pleinement conscients que lorsqu’il s’agit du bien commun, il faut savoir assumer ses responsabilités et s’en remettre naturellement aux compétences chacun. C’est donc le cœur rempli d’espoir en un avenir radieux que nous disons « Le Medef sera notre guide suprême et à la loi de précarité toujours nous nous soumettrons. »


Notes
[1] Toutes ces citations sont extraites de cet entretien dans le Figaro ... Hélas, ce lien est mort, l'article n'est plus en ligne.
[2] Quoi qu’en disent certains, n'est-ce pas Monsieur Torpedo ...
[3] Un peu comme un malfaiteur, quoi…

2 commentaires :

  • Ce système qui nous régit, la dictature boursière me hérisse les poils des bras, certes ! En revanche, le libre arbitre de tout un chacun est un puissant antipoison, voire le seul. Celui qui permet de ne pas se sentir victime d'un système, qu'il vous licencie ou pas pour d'obscures raisons d'actionnaires à faire bèqueter aveuglément. La précarité ou l'insécurité sont des étendards de gens au pouvoir. La sécurité est une sensation interne, qui se nourrit uniquement entre soi et soi.

    Par Blogger Sabine31/7/08 21:00  

  • Oups, je ne savais pas qu'un jour je donnerais un quelconque de mes avis pas anonymement, sur internet à la suite de la lecture d'un article. Les souvenirs d'enfance ouvrirait-elle des portes ?

    Par Blogger Sabine31/7/08 21:02  

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